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Numericable remporte SFR

L'offre de Numericable a été préférée à celle de Bouygues

L'offre de Numericable a été préférée à celle de Bouygues - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Vivendi a annoncé vendredi 14 mars entrer en négociations exclusives pendant trois semaines avec le câblo-opérateur pour lui vendre SFR. L'offre de Bouygues est rejetée, malgré le soutien du gouvernement.

Vivendi a annoncé vendredi 14 mars entrer en négociations exclusives avec Altice (principal actionnaire de Numericable) pour lui vendre SFR.

Selon un communiqué, "le conseil de surveillance a décidé d’entrer en négociations exclusives avec Altice pour une période de trois semaines. A l’issue de trois semaines, le conseil de surveillance se réunira à nouveau pour examiner les suites à donner, et s’il doit en conséquence mettre un terme aux autres options envisagées".

Selon Vivendi, l’offre d’Altice comprend 11,75 milliards d’euros en cash, 32% du capital du nouvel ensemble SFR-Numericable, et "la sortie de Vivendi selon des modalités programmées".

Vivendi justifie ainsi son choix: "le conseil de surveillance estime que cette offre est la plus pertinente pour les actionnaires et les salariés du groupe, et qu’elle offre la meilleure sécurité d’exécution. Cette offre répond le mieux à l’objectif de Vivendi de devenir rapidement un acteur européen majeur des médias et des contenus, et de renforcer SFR comme un acteur dynamique du très haut débit fixe et mobile".

Le soutien de Fourtou

L'offre d'Altice était activement soutenue par Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de Vivendi. Il a notamment milité pour cette offre devant le groupe d'administrateurs de Vivendi chargé d'examiner les offres. En particulier, il s'était "invité" de lui-même à la réunion de ce groupe (dont il ne fait pas partie) qui s'est tenue samedi matin.

Selon des sources industrielles, Vincent Bolloré, initialement réticent, aurait fini par s'y ranger lui aussi (interrogée, la porte-parole de Bolloré n'a pas répondu).

Jean-René Fourtou, qui doit quitter son poste mi-2014, soutenait l'offre de Numericable car c'est celle qui le pose moins de problèmes concurrentiels. Dès lors, l'examen par l'Autorité de la concurrence devrait être plus rapide et moins risqué, tandis que l'offre de Bouygues aurait pu être rejetée in fine.

Selon le Figaro de samedi dernier, le câblo-opérateur avait aussi proposé à "JRF" la présidence du nouvel ensemble SFR-Numéricable. "Jean-René Fourtou n'a pas l'intention d'accepter un tel poste", répondait alors un de ses proches.

Une autre rumeur assurait que Numericable aurait promis à Jean-René Fourtou des actions (ou des stock options) représentant 1,5% du capital. Une rumeur fermement démentie par le directeur de la communication de Vivendi: "on ne commente pas de telles rumeurs infondées".

Bouygues battu

Numericable l'emporte ainsi sur Bouygues, qui proposait 11,3 milliards d'euros de cash, plus des actions représentant 43% de l'entité combinée. Si un rachat par Bouygues présentait plus de problèmes concurrentiels, le groupe de BTP avait marqué d'importants points, le week-end dernier, en annonçant qu'elle vendrait son réseau à Free, pour 1,8 milliard d'euros.

L'offre de Bouygues avait aussi reçu le soutien bruyant du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.

Vendredi après-midi, sa ministre déléguée Fleur Pellerin déclarait sobrement "prendre acte" du choix de Vivendi. 

Et elle a ajouté : "Altice a pris un certain nombre d'engagements cette semaine sur ces différents sujets. Je les invite maintenant à les préciser et les traduire de manière opérationnelle". En matière d'emploi, la ministre souhaite notamment que la société inscrive ses engagements dans les licences.

De son côté, le ministre de la Consommation, Benoît Hamon a prévenu que le gouvernement "sera vigilant" sur la question de l'emploi.

Pour ce qui concerne l'investissement, elle demande au groupe dirigé par Patrick Drahi d'engager des discussions avec le régulateur, l'Arcep, les autres opérateurs et les collectivités locales en vue du partage des investissements liés au déploiement du très haut débit sur le territoire.

Lettre d'Alain Roussat, PDG de Bouygues Telecom, à ses salariés. Dans ce document, le dirigeant met en avant les efforts accomplis et indique vouloir recruter des clients qui seraient "dans le doute".

Jamal Henni