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OPA sur Gameloft: Vivendi ne tient pas sa promesse, l’AMF furieuse

Le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Gérard Rameix.

Le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Gérard Rameix. - AFP - Bertrand Guay

Le groupe dirigé par Vincent Bolloré a retiré Gameloft de la cote, avant même que la conformité de l’OPA ne soit validée, contrairement à ses engagements. Un "comportement inacceptable", estime le président du gendarme de la Bourse.

La conformité de l'OPA n'est pas encore validée par la justice que l'éditeur Gameloft n'est déjà plus coté. De quoi mettre en rogne l'Autorité des Marchés Financiers, auprès de laquelle le groupe dirigé par Vincent Bolloré n'a pas tenu ses engagements d'attendre la validation de l'opération pour ce faire. "Je suis très gêné et déçu par le comportement de Vivendi", déclare le président de l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) dans un article publié par Les Echos ce lundi.

"Ils ont trouvé une astuce que personne n'avait anticipée. C'est une péripétie de procédure, mais aussi un manque de loyauté ou d'élégance pour le moins", juge Gérard Rameix.

Une offre de rachat achevée mi-juin

Le représentant de l’AMF jure, mais un peu tard, que l’on ne l’y reprendra plus. "Sur le plan des principes, c'est inacceptable. Nous ferons en sorte que cela ne puisse pas se reproduire".

Pour rappel, Vivendi est devenu propriétaire de l’éditeur français de jeux vidéo à l'issue d’une OPA hostile, qui s'est achevée le 15 juin. Le groupe dirigé par Vincent Bolloré détenait 95,94% du capital et 95,77% des droits de vote de l'éditeur fondé par Michel Guillemot, fondateur et jusque-là PDG de la société et dès lors contraint au départ.

Depuis, Vivendi a renouvelé en partie le conseil d'administration de Gameloft et remplacé son patron par Stéphane Roussel. La nouvelle direction a donc pu retirer la plainte déposée par l’ancienne direction au mois de mars, laissant la voie libre à Vivendi pour retirer l'éditeur de jeux vidéo de la cote.

Demande de mise en pause refusée

Pour le quotidien, "si l'AMF est amère, c'est qu'elle était certaine que la cour d'appel se prononcerait sur la conformité de l'OPA". "Après les plaidoiries de mi-juin, la décision était attendue le 6 septembre".

"Le gendarme boursier était tellement confiant que, lorsque Gameloft avait demandé un sursis à exécution le 25 mars, l'Autorité, qui y consent d'ordinaire, avait convaincu le juge de ne pas mettre l'OPA sur pause", rapportent Les Echos.

L'institution n'avait pas "reporté la date de clôture de l'offre", Vivendi "s'engageant à "restituer l'ensemble des titres acquis pendant l'OPA à leurs anciens propriétaires si la cour d'appel lui donnait tort".

Le groupe de médias mène une offensive parallèle à l'encontre d'Ubisoft, premier éditeur français de jeux vidéo également fondé par un frère de la famille Guillemot, Yves. Monté à plus de 22% du capital, il a affirmé à plusieurs reprises ne pas avoir l'intention de lancer d'OPA.

A.R. avec AFP