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Où en est l'économie française après une semaine de déconfinement?

Comment et à quel rythme l’économie française va-t-elle redémarrer après deux mois de mise à l’arrêt forcés pour endiguer l’épidemie de Covid 19? C’est ce que nous allons mesurer avec ce tableau de bord du déconfinement.

C'est un tableau de bord composé d’une trentaine d’indicateurs existant sur une base hebdomadaire voire quotidienne, qui concernent tous les secteurs de l’industrie, des services, du commerce et qui concernent aussi l’emploi, la confiance des ménages et des entreprises. Ces indicateurs nous sont fournis en exclusivité.

D’abord le point de départ: si l’on en croit l’Insee, le creux de l’activité a été atteint dans la deuxième quinzaine de mars, avec une baisse de 37% de l’activité par rapport à un mois normal. Grâce à la reprise partielle de l’activité dans l’industrie et la construction, le différentiel n’était plus que de 34%, le 7 mai.

Ensuite cette crise touche très inégalement les secteurs, indique la Banque de France. Dans l’industrie, les capacités de production sont utilisées à 77% dans la pharmacie, à 8% seulement dans l’automobile. Dans la construction, la perte d’activité a atteint 75%. Dans les services, le nombre moyen de jours de fermeture en avril varie entre 24 pour la restauration et l'hébergement et seulement 1 jour pour la programmation et le conseil ou le nettoyage.

Une accélération depuis le déconfinement

Il y a bien un effet accélérateur post 11 mai dans les secteurs qui avaient commencé à redémarrer comme l’industrie et la construction. Si l’on en croit l’enquête hebdomadaire réalisée par les cellules économiques régionales de la construction (CERC) à l’initiative de la Capeb (la confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) et de la FFB (la Fédération française du bâtiment): 53% des chantiers étaient ouverts le 11 mai, et un tiers des chantiers à l’arrêt étaient censé reprendre cette semaine.

Cette accélération est aussi visible à travers l’augmentation des factures réglées par les industriels à partir de cette date. On était tombé à 50% du rythme normal nous dit l’indicateur Iban First. 

Retour massif chez les coiffeurs

Et puis évidemment, là ou il y de façon la plus nette un avant et un après 11 mai, c’est dans le commerce, sauf l’alimentaire qui poursuit sur sa lancée. Il était temps: dans l’automobile par exemple, la semaine du 5 mai a été la pire dans les concessions depuis le début du confinement nous dit AAA Data (10% des ventes d’avant crise).

Les données de la fintech Sumup sont spectaculaires: le lundi 11 mai, pour les salons de coiffure et de beauté, on a enregistré 140% du chiffre d’affaire normal! Le redémarrage est net dans les services à la personne, ou on est plus qu’à 25% en dessous du niveau d’activité normal. Le groupement des cartes bancaires souligne lui une forte progression des ventes des librairies.

La logistique proche de la normale

Entre la production, et la vente, il y a la logistique: cette semaine, le nombre de transports effectués n’était inférieure que de 15% à la même semaine il y a un an. On était à -26% environ début mai, -50% début avril, nous dit l’indice Winfret de l’éditeur de logiciel de transport Abacom.

Enfin, on commence à reprendre ses esprits sur le marché du travail: les offres arrêtent de baisser et les candidats, tétanisés pendant le confinement (-40%) sont revenus aussi nombreux qu’en février nous dit le baromètre de la plateforme Indeed.

L'économie française se dégrippe donc, incontestablement, avec des secteurs dont l’électrocardiogramme est toujours plat comme la restauration ou d’autres dans lesquels le dégel est compliqué comme la pub. C’est ce que disent les données de Admo Tv qui recense quotidiennement les spots diffusées à la télé (on était tombé à -50%). Au final, on peut dire qu’après cette 1er semaine de déconfinement, l’économie française tourne à presque 75% de ses capacités, contre 63% au pire du confinement.