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Transports

Où en est le chantier du tunnel Lyon-Turin?

Le chantier du projet controversé se poursuit pendant l'été malgré les oppositions de certains élus à commencer par celle du nouveau maire de Lyon, Grégory Doucet.

Le tunnel Lyon-Turin a tout du serpent de mer. Cet énorme chantier sous les Alpes a désormais quinze ans de retard. Mais il continue d'avancer! Une bonne dizaine de kilomètres ont déjà été creusés sur les 57 kilomètre prévus et l'ouverture est toujours prévue pour 2030.

L'objectif reste le même : soulager les réseaux routiers en créant une ligne ferroviaire qui transportera à 80% du fret et des voyageurs pour les 20% restant.

Ce tunnel ferroviaire s'inscrit en réalité dans un cadre beaucoup plus large, celui du corridor méditerranéen qui s'étend de Lisbonne au Portugal à Kiev en Ukraine. Seul obstacle à ce réseau, la montagne qu'il faut creuser. Un chantier titanesque dont le coût s'élève à 9 milliards d'euros, une somme répartie entre la Commission européenne, la France et l'Italie.

Nouveau contrat pour Vinci

En tout, 7 tunneliers sont au travail pour creuser entre 15 et 20 mètres par jours. Et les obstacles ne manquent pas. Les ouvriers ont, par exemple, eu la mauvaise surprise de traverser des couches de charbon avec le risque de tomber sur du grisou, ce gaz explosif composé à 90% de méthane. Les ingénieurs ont aussi été contraints d'injecter du liant dans les roches pour éviter les éboulements et consolider le terrain.

Début juillet, nouvelle étape: Vinci a obtenu un contrat de 220 millions d'euros pour la construction de quatre puits de ventilation du tunnel de 500 mètres de profondeur. Un chantier annexe qui devrait durer 36 mois.

Arme économique

Mais le projet ne manque pas d'opposants, notamment pour son impact environnemental. Ses adversaires soulignent par exemple un potentiel captage des sources naturelles d'eau qui passent près du chantier. A peine élu maire de Lyon, l'écologiste Grégory Doucet affichait déjà son opposition. "Il ne faut pas insister sur un projet erroné. C'est le pire choix" expliquait-il au journal italien La Stampa. Quant aux partisans, ils rappellent que cette liaison permettra de sortir de la route entre un et deux millions de camions qui transitent chaque année au cœur des Alpes.

Enfin, le tunnel est aussi une arme économique qui permettra de densifier et d'accélérer les échanges notamment entre la France et l'Italie, évalué à près 90 milliards d'euros par an.

Jean-Baptiste Huet et Thomas Leroy