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Pacte productif: "on est passé de la clé à la molette à la tablette" explique Philippe Darmayan (UIMM)

Invité sur BFM Business, le président du puissant syndicat patronal UIMM assure que l'industrie française est aujourd'hui stabilisée. L'enjeu est maintenant de rebondir à travers les compétences et la compétitivité.

L'industrie française repart-elle de l'avant? Nouvelles usines, activité manufacturière, embauches... Plusieurs signaux sont aujourd'hui encourageants pour le secteur. "Depuis 2015, on a inversé la tendance. (...) On a réussi à stabiliser l'industrie", assure ainsi sur le plateau de "12H, L'Heure H" ce lundi sur BFM Business Philippe Darmayan, le président du syndicat UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) et vice-président de France Industrie.

Mais le responsable note encore l'écart avec l'Allemagne où l'industrie (y compris l'énergie) pèse plus de 25,4% de la valeur ajoutée en 2018, contre 13,4% en France, selon les dernières données disponibles de l'OCDE. D'où l'importance du pacte productif que veut mettre en place le gouvernement, abondé notamment par France Industrie pour réduire cet écart et remettre l'industrie française dans une dynamique à long terme.

Pour Philippe Darmayan, ce pacte doit s'appuyer sur trois piliers: "c'est les compétences, c'est la compétitivité et c'est la neutralité carbone".

"Permettre aux entreprises d'être à part égale avec les Allemands"

"Avec la crise de 2007, on s'est arrêté de former et c'est ça qu'il faut retourner", juge Philippe Darmayan, qui est par ailleurs président d’ArcelorMittal France. "Nous nous sommes engagés à travailler sur les jeunes, sur les salariés, sur les chômeurs. En profitant de la nouvelle loi formation qui sépare d'un côté la demande (et) les besoins, de l'offre. Les besoins, c'est un travail que nous faisons avec l'Etat, les régions, pour comprendre (sur le) plan quantitatif mais aussi qualitatif quels sont les besoins en compétences car les technologies changent la donne. (...) Et il faut travailler au niveau de l'offre pour avoir une offre d'apprentissage, de formation continue qui soit cohérente". En ce qui concerne les jeunes, les salariés et les chômeurs, "à l'UIMM, nous avons décidé d'attaquer ces trois populations". "On est passé de la clé à la molette à la tablette", résume également Philippe Darmayan afin de faire passer le message de la modernisation du secteur.

Du côté de la compétitivité et donc des impôts de production que le gouvernement a promis de baisser, le patron de France Industrie affirme que le secteur est prêt à s'engager. "Le gouvernement annonce une trajectoire. (...) il faut effectivement alléger la fiscalité des entreprises sur les coûts de production de l'ordre de 20 milliards. C'est fondamental, c'est pas une demande, une réclamation d'un lobby des industriels. Nous pensons que l'industrie est fondamentale socialement, nous disons 'faisons-le'. En complément de ça, nous sommes prêts à nous engager sur les compétences, à aller de l'avant sur la neutralité carbone, nous sommes prêts à aller de l'avant sur les filières industrielles mais il faut vraiment que ce pacte se traduise non seulement par des mesures d'organisation de l'industrie mais aussi par un vrai travail avec le gouvernement sur une trajectoire de fiscalité, de redistribution qui permettent aux entreprises d'être à part égale avec les Allemands".

"Il y a une urgence sur la C3S" (la contribution sociale de la solidarité des sociétés), ajoute Philippe Darmayan. "Nous pensons que la fiscalité locale doit faire l'objet d'une réduction et il va falloir faire très attention à la redistribution de la fiscalité environnementale pour qu'elle se traduise à la fois en tenant compte de la réalité du coût du carbone mais que cet argent qui va être prélevé par l'Etat puisse être redistribué à notre bénéfice commun ou au bénéfice commun du développement de l'industrie".

Olivier Chicheportiche