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Paprec adopte une "charte de la laïcité"

Selon Jean-Luc Petithuguenin, le patron de Paprec, l'adoption de la charte est un acte militant.

Selon Jean-Luc Petithuguenin, le patron de Paprec, l'adoption de la charte est un acte militant. - -

L'entreprise de recyclage Paprec a officialisé mardi 11 février l'entrée en vigueur de sa "charte de la laïcité", adoptée avec le soutien de ses 4.000 employés.

C'est une première en France. Une entreprise privée adopte ce mardi 11 février une charte de la laicité qui interdit notamment le port de signes religieux. Il s'agit de la société de recyclage Paprec, souvent présentée comme un modèle en matière de diversité.

Une charte qui a été revendiquée par son patron, Jean-Luc Petithuguenin, qui parle d'un "acte militant": "J'adopte le modèle de la République." Le texte a été adopté avec l'aval de l'ensemble des salariés.

Les collaborateurs ont un devoir de neutralité: c'est la règle de base qui prévaut déjà dans l'espace public. Désormais l'entreprise Paprec, basée en Seine-Saint-Denis, l'applique chez elle. Elle a voulu clarifier les choses avec une charte car, en matière de fait religieux dans l'entreprise, la loi s'appuie sur la notion de liberté de conscience dont les contours sont assez flous.

Un texte de huit articles adopté avec l'aval des salariés

En quatre mois, le Comité d'entreprise, les représentants du personnel et les 4.000 salariés du groupe ont réussi à se mettre d'accord sur un texte de huit articles. La charte reprend des principes généraux sur la laïcité comme le respect ou encore le rejet des discriminations. Elle adopte aussi l'interdiction du port de tenues ou de signes ostensiblement religieux.

Juridiquement, le groupe Paprec reconnaît qu'il prend un risque mais il espère ainsi faire bouger le législateur. Selon plusieurs études, la majorité des salariés et des managers estime qu'une entreprise se doit d'adopter une politique claire sur les questions religieuses.

Michel Sapin ne souhaite pas de loi

Au-delà de l'affaire médiatisée de la crèche Baby Loup, une étude récemment produite par l'Observatoire du fait religieux en entreprise (Sciences Po Rennes) estime que 94% des cas de demandes liées au fait religieux dans l'entreprise sont réglés par le dialogue. Aujourd'hui, dans l'entreprise, seuls 6% d'entre eux conduisent à des conflits.

La solution viendra-t-elle d'une réforme de la loi ou du Code du travail? Seuls 12% des cadres en ressources humaines et 2% des managers le pensent. Le ministre du Travail, Michel Sapin, estime pour sa part qu'il n'y a pas, pour l'instant, besoin d'une loi. "Le Code du travail apporte des réponses", a-t-il indiqué. "La laïcité se construit en parlant avec les salariés."

Isabelle Gollentz avec AFP