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Paris a sa première monnaie locale, à utiliser dans la capitale

Depuis ce samedi 12 mai, la "pêche" est acceptée dans des commerces de Paris en plus d'une centaine de la ville limitrophe de Montreuil (93) où cette monnaie locale est née. Elle favorise le commerce et l'artisanat local qui l'acceptent en paiement. D'autres monnaies alternatives existent déjà en France même si leur usage est marginal.

Une monnaie locale utilisable exclusivement sur Paris? C'est chose faite depuis avec le lancement officiel de la "pêche" par l'association Une monnaie pour Paris!. Ce samedi est en effet organisé à la mairie du 2e arrondissement "un petit événement pour présenter la monnaie, et les comptoirs de change" explique sur Facebook, Lucas Rochette-Berlon président de cette association qui promeut ce moyen de paiement alternatif.

Créée en 2016, celle-ci a choisi de coopérer avec les fondateurs de la "pêche", la monnaie en circulation à Montreuil depuis 2014, pour étendre son utilisation à Paris. Elle reste la seule monnaie locale francilienne à ce jour qui peut être dépensée dans une petite centaine de commerces et d'entreprises locaux.

L'avantage de cette collaboration est d'utiliser les billets déjà en circulation imprimés pour cette ville de Seine-Saint-Denis et d'en étendre l'usage à Paris. "Une dizaine de commerçants parisiens se sont déjà formellement engagés -outre les 100 déjà membres du réseau historique de Montreuil- et une quarantaine ont déclaré leur intérêt" selon le Journal du Grand Paris.

Pour la "pêche" francilienne comme pour la quarantaine d'autres existantes en régions, on convertit ses euros en monnaie locale dans des "bureaux de change". On la dépense ensuite dans les commerces ayant adhéré au réseau et signé une charte pour accepter la monnaie locale. Dans le cas de la "pêche" (comme pour ses homologues), la parité avec l'euro est appliquée (1 pêche est égale à 1 euro). 

L'essor de ces moyens de paiement locaux doit beaucoup à la loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire (ESS). Ce texte a reconnu les monnaies complémentaires dès lors qu'elles sont issues d'acteurs de l'ESS, même si leur usage reste marginal et dépendant du dynamisme de la communauté de volontaires (utilisateurs et commerçants) qui en font usage.

Un financement participatif de 20.000 euros a été réussi

La visée première de la "pêche" parisienne est le soutien du commerce de proximité voire d'artisans locaux, à défaut de pouvoir soutenir la production agricole locale, très limitée dans la capitale. Les euros échangés contre les billets de monnaie locale sont placés sur un fonds de garantie qui permet de faire des prêts solidaires aux entreprises locales. Une manière de consommer "autrement" en quelque sorte, puisque tout ce qui est dépensé en monnaie locale vient alimenter les entreprises du territoire concerné.

Pour inciter à garder la monnaie locale parisienne dans sa poche et à la faire circuler, 3% de frais de change sont perçus lorsque les commerces reconvertissent leurs "pêches" en euros (les particuliers ne pouvant pas, eux, les reconvertir). L'association Une Monnaie pour Paris! a aussi lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme internet KissKissBankBank. Les 20.000 euros demandés, nécessaires pour la mise en place la "pêche" sur Paris, ont été collectés quelques jours avant sa présentation officielle, ce 12 mai 2018.

La mairie de Bayonne ne peut payer ses dépenses en monnaie locale basque

La justice administrative a donné raison, vendredi 4 mai 2018, à l'État qui contestait à la ville de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) la capacité de régler des dépenses dans la monnaie locale basque créée en 2013, l'eusko, estimant qu'une commune ne pouvait payer dans une autre monnaie que nationale.

La préfecture des Pyrénées-Atlantiques avait fait appel d'une décision fin mars 2018 du juge des référés du tribunal administratif de Pau, qui avait refusé de suspendre une convention de la ville de Bayonne lui permettant d'effectuer des paiements en eusko. La Cour administrative d'appel de Bordeaux a annulé cette ordonnance, et suspendu la convention, dans l'attente de l'examen sur le fond, qui prendra des mois.

La monnaie locale basque a séduit quelque 3000 adhérents particuliers et 700 professionnels ou associations. Quelque 750.000 euskos (1 eusko=1 euro) sont en circulation.

Frédéric Bergé