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Paris Première assure sa survie

Paris Première avait lancé au printemps une campagne publicitaire en faveur de son passage en gratuit

Paris Première avait lancé au printemps une campagne publicitaire en faveur de son passage en gratuit - Paris Première

La filiale de M6 va rester une chaîne payante. Elle finalise des accords avec ses principaux distributeurs, ce qui lui permet d'échapper à la fermeture.

Beaucoup de bruit pour rien? Au printemps, LCI et Paris Première avaient demandé -en vain- leur passage en gratuit auprès du gendarme de l'audiovisuel. Les deux chaînes assuraient que leur modèle de chaînes payantes les conduisait à une mort certaine. Son propriétaire Nicolas de Tavernost avait assuré lors de son audition que la chaîne fermerait "évidemment" si elle ne devenait pas gratuite. "Sa mort est programmée" dans un modèle payant, avait ajouté le président de la chaîne, Jérôme Bureau.

Mieux: LCI comme Paris Première avaient annoncé à l'avance la date de cette mort: le 31 décembre 2014, échéance de leurs contrats avec leurs distributeurs.

Finalement, la nouvelle de cette mort était un peu prématurée. LCI comme Paris Première vont bien continuer à vivre au-delà du 31 décembre, et dans un modèle payant.

Contrats de trois ans

TF1 a d'abord annoncé le 8 décembre que sa chaîne d'information avait renouvelé ses contrats avec ses distributeurs pour un an, soit jusqu'à fin 2015.

De même, Paris Première finalise actuellement le renouvellement de ses contrats avec ses principaux distributeurs, à commencer par CanalSat. Ces nouveaux contrats seraient de trois ans, soit jusqu'à fin 2017.

Rappelons qu'une chaîne payante vit essentiellement de l'argent reversé par ses distributeurs -en pratique, les opérateurs de réseaux câblés, satellite ou ADSL: CanalSat, Numericable, Orange, SFR... Chez Paris Première, ces reversements s'élèvent jusqu'à présent à 15 millions d'euros par an, soit 54% du chiffre d'affaires en 2012. Le reste des revenus provient de la publicité.

Sept chaînes payantes ferment

Reste que la vie des chaînes payantes devient, face à une offre gratuite de plus en plus importante, de plus en plus difficile. Quatre chaines vont fermer début janvier: M6 Music Black, M6 Music Club, Stylia (filiale de TF1) et TF6 (filiale de TF1 et M6). Canal Plus fermera ensuite mi-2015 trois autres chaînes: Jimmy, Cuisine+ et Maison+.

Un malheur n'arrivant jamais seul, Eurosport va aussi réduire sa diffusion. La chaîne payante continue à être diffusée sur câble, satellite et ADSL, mais va arrêter sa diffusion terrestre (TNT). En effet, la loi interdit qu'une chaîne TNT soit détenue à plus de 20% par des actionnaires extra-européens, ce qui est le cas d'Eurosport suite à son rachat par l'américain Discovery. La chaîne sportive a donc récemment déposé une demande pour randre sa fréquence TNT auprès du gendarme de l'audiovisuel, qui a déjà donné son feu vert au retrait de TF6.

E. Leclerc et Boulanger abandonnent, mais pas Canal Plus

Une fois que TF6 et Eurosport auront rendu leur tablier, le nombre de chaînes diffusées en TNT payante sera donc réduit de 8 à 6: LCI, Paris Première, Planète et les trois déclinaisons de Canal Plus.

Face à cette réduction de l'offre, E. Leclerc a décidé de jeter l'éponge. Les supermarchés arrêtent leur offre Réglo TV, qui, depuis deux ans, proposait pour 7,95 euros par mois 4 chaînes: Eurosport, LCI, TF6 et Paris Première. Précédemment, Boulanger avait également arrêté son offre similaire Lib'Télé, élaborée elle aussi avec TF1.

Mais le principal distributeur de TNT Payante, Canal Plus, a décidé de continuer. Son offre, baptisée Minipack, continuera à être commercialisée, avec toutefois un nombre de chaînes réduit de 5 à 3: Paris Première, LCI et Planète. Résultat: le prix du MiniPack tombera de 12,90 à 6 euros par mois.

Rappelons que le MiniPack comptait 400.000 abonnés fin 2013. Cette offre rapporte à la chaîne cryptée 50 millions d'euros de chiffre d'affaires par an, dont 20 millions sont reversés aux chaînes.

Interrogée, Paris Première a refusé de s'exprimer avant début janvier, expliquant "ne pas avoir à ce stade d'accord avec tous les distributeurs".

Recours contre le CSA

Fin juillet, le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) a rejeté la demande de passage en gratuit de Paris Première. La filiale de M6 a d'abord déposé un recours gracieux auprès du CSA contre cette décision. Ce recours ayant été rejeté, Paris Première a finalement bien déposé un recours contentieux au fond devant le Conseil d'Etat. Le patron de M6 Nicolas de Tavernost l'avait d'ailleurs laissé entendre le 21 novembre sur BFM Business.

Rappelons que TF1 a aussi déposé un autre recours, au fond comme en référé.

Jamal Henni