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Partez en vacances sur un cargo de marchandises

Des agences de voyage proposent aux aventuriers de naviguer sur ces géants des mers. Cette manière de voyager, encore peu connue, permet de profiter du chemin plus que de la destination.

Porte-conteneurs, vraquiers, reefers, rouliers… Tous ces cargos servent normalement à transporter des marchandises à travers le globe. Mais certains accueillent aussi des passagers. Des agences de voyage, comme Mer&Voyages qui possède l'exclusivité en France ou Cargoship Travel, proposent aux bourlingueurs d'embarquer sur ces géants des mers pour des voyages qui durent de 5 jours à plus de 3 mois. Les prix varient de 100 à 200 euros par jour, en pension complète, mais sans les assurances obligatoires et l'acheminement jusqu'au port. Une manière de voyager insolite qui existe déjà depuis quelques années puisque CMA CGM accueille des passagers depuis les années 1980. Il y a eu un fort développement sur les années 2000 pour CMA CGM: dépassement des 500 passagers en 2009, quasiment 700 passagers en 2010, 1035 en 2016 (80 navires ouverts à l’offre)

Dans cette aventure, l'important n'est pas seulement la destination mais bien le voyage en lui-même. Loin de l'ambiance "paquebot de croisière" avec toutes sortes d'animations, le voyage en cargo est la découverte de la vie de ces marins, l'organisation du travail sur un bateau, les règles de la marine marchande et la vie en communauté. Marianne Furlani, responsable relation presse de Terres d'aventure, partenaire de Mer&Voyages, explique que l'idée est "d’inciter les voyageurs à parcourir la mer d’une toute autre façon, leur donner la chance de découvrir sans se précipiter, mais en toute quiétude, seul entre ciel et mer, les coins les plus proches et les plus reculés de notre petite planète".

Ne pas avoir peur de l'ennui

Par conséquent, voyager en cargo n'est pas sans contrainte. Tout d'abord, l'occupation et la solitude. Si les passagers bénéficient de tout le confort possible tel que des cabines avec salle de bain privative, salle commune avec télévision ou accès à la salle à manger et la salle de sport, leur seule activité est de contempler l'océan et le ballet des grues lorsque le navire arrive au port. "Il y a beaucoup d’artistes à bord, des peintres, des photographes, des dessinateurs. Ils passent beaucoup de temps à regarder l’océan et le ciel, à méditer, prendre le temps. Ils passent une grande partie de leur temps à la passerelle, ils lisent, écrivent, dessinent", remarque Marianne Furlani.

Avec l'autorisation du commandant de bord, ils peuvent aussi visiter le navire avec sa salle des commandes ou celles des machines, s'ils ne gênent pas les manœuvres.

Et en voyageant au milieu des océans, les passagers vivront sans internet ou téléphone. Ils ne retrouveront le monde extérieur et la communication que lorsqu'ils se rapprocheront des côtes. "Une parenthèse dans la vie quotidienne", précise Marianne Furlani.

Par ailleurs, les passagers devront être conscient que les conditions météorologiques en mer peuvent être mauvaises. Il faut donc avoir le pied marin. Cargoship Travel précise: "Il n’y a pas de médecin ni d’infrastructure médicale à bord. Cependant, en cas d’urgence, les officiers disposent d’une formation de secouriste. Il est donc impératif d’être en bonne santé pour pouvoir voyager à bord d’un cargo".

"Les cargos n’attendent jamais un passager pour partir"

Autre point à prendre en compte: les escales sont très courtes. Les navires restent, en effet, le moins de temps possible à quai pour des questions de rentabilité. Et un passager rappelle, en commentaire sur le site Mer&Voyages, que certains ports sont interdits aux piétons. Il faut donc appeler un taxi pour aller visiter les environs. Dans d'autres, il est possible de se balader avec un casque et un gilet de sécurité. De plus, Cargoship Travel précise que: "Nous attirons votre attention sur le fait que les cargos n’attendent jamais un passager pour partir". Les passagers doivent donc être très vigilants quant aux horaires. Lors de certaines escales comme en Turquie avec certains armateurs, en Égypte ou en Inde, les passagers ne peuvent pas descendre.

Enfin, en réservant un voyage en cargo, les aventuriers devront avoir un agenda très flexible. Des conditions météo mauvaises, des feuilles de route modifiées,… autant de contraintes qui peuvent obliger à décaler un départ ou à rester à quai plus longtemps que prévu. Les passagers devront s'adapter.

Diane Lacaze (texte) et Marion Nompain (vidéo)