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Energie

Partie de poker menteur entre GDF Suez et l'Etat

L'Etat détient 36% du capital de GDF Suez

L'Etat détient 36% du capital de GDF Suez - -

Même s'il rejette officiellement la demande d'augmentation de près de 7% du prix du gaz réclamé par GDF Suez, le gouvernement doit ménager le groupe dont il est le premier actionnaire... et qui lui verse plus d'un milliard de dividendes par an.

"Il n'y aura pas de hausse de 7% du prix du gaz au 1er octobre", a promis jeudi 13 septembre sur RTL, Delphine Batho, la ministre de l'Environnement. Une réponse à la récente demande d'augmentation de GDF Suez auprès de la Commission de régulation de l'énergie.

Déjà, en juillet, le gouvernement n'avait accordé que 2% de hausse au groupe présidé par Gérard Mestrallet qui demandait initialement 8%. GDF Suez réclame donc cette fois le rattrapage des 6% qu'il n'a pas obtenu au début de l'été. Auxquels il ajoute 1% de mieux pour prendre en compte l'inflation.

GDF Suez respecte la loi

En réclamant une telle hausse, le premier producteur mondial d'énergie non nucléaire ne fait qu'appliquer la loi. Celle-ci prévoit que le prix du gaz doit couvrir les coûts d'approvisionnement et d'acheminement.

Durant la campagne présidentielle, François Hollande s'était engagé à revoir le mode de fixation des prix tout en faisant voter en parallèle une loi modulant les tarifs selon la consommation des particuliers. Cette dernière réforme va d'ailleurs être discutée la semaine prochaine au Parlement. Quant à la question de la fixation des prix, elle reste en suspens. Delphine Batho a annoncé le dépôt d'un projet fin septembre.

Jeudi matin, sur BFMTV/RMC, l'ancien ministre de l'Environnement, Jean-Louis Borloo, s'est également déclaré favorable à la modification des règles de fixation du prix. Il compte aussi déposer une proposition de loi en ce sens (voir la vidéo ci-contre).

Les intérêts de l'Etat actionnaire

Mais si le gouvernement a tardé à engager ce chantier, c'est aussi parce que l'Etat est le premier actionnaire de GDF Suez avec 36% du capital. L'an dernier, le groupe lui a versé 1,2 milliard de dividendes. Ce que Gérard Mestrallet, le président de GDF Suez, a sans doute rappelé, début juillet, à Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie qui l'avait convoqué à Bercy.

Tout manque à gagner lié à un prix de vente du gaz trop faible a donc des conséquences sur les comptes de GDF Suez. Et par conséquent sur le dividende que celui-ci verse à l'Etat. Le groupe estime ainsi qu'il a perdu 290 millions d'euros entre octobre 2011 et juillet 2012 à cause du blocage des prix décidé par François Fillon.

Il n'est donc pas sûr qu'au fond, le gouvernement soit si opposé à une forte hausse du prix du gaz...

Le titre de l'encadré ici

|||Les produits des participations de l'Etat en 2011: 7,4 milliards
dont...

> EDF : 1,8 milliard
> Banque de France : 1,5 milliard
> GDF Suez : 1,2 milliard
> Caisse des dépôts : 1,1 milliard
> France Télécom : 0,4 milliard
> La Poste : 0,1milliard

Patrick Coquidé