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Patrick Kron: "Alstom aura bientôt plus de centres de décision en France"

Patrick Kron, le PDG d'Alstom, était l'invité de Grégoire Favet dans Good Morning Business ce 22 décembre.

Patrick Kron, le PDG d'Alstom, était l'invité de Grégoire Favet dans Good Morning Business ce 22 décembre. - BFM Business

Le PDG d'Alstom a défendu sa stratégie de mariage avec General Electric, ainsi que sa rémunération exceptionnelle liée à ce rapprochement, ce lundi 22 décembre sur BFM Business.

Alstom coupé en deux et en partie vendu à l'américain General Electric: la nouvelle, annoncée au printemps 2014, avait fait l'effet d'une bombe. Son patron, Patrick Kron, qui avait négocié cette opération en secret, avait alors essuyé une pluie de critiques du gouvernement l'accusant de démanteler un fleuron industriel français.

Six mois plus tard, le PDG d'Alstom suscite à nouveau la polémique en raison de sa rémunération exceptionnelle, entérinée par le conseil d'administration, de 150.000 actions à l'occasion de la cession du pôle énergie d'Alstom à l'américain General Electric. Sur BFM Business ce 22 décembre, il ne se laisse pas atteindre par les coups.

"Ce qui est important, c'est que ceux qui savent de quoi ils parlent ne s'y trompent pas. Les salariés, consultés conformément à la loi, ont donné un avis favorable, tout comme le comité européen de l'entreprise, qui regroupe les syndicats d'une dizaine de pays européens. Ce n'est pas très courant dans des opérations de ce type. Les actionnaires ont également soutenu cette résolution à 99,2%. On me dit 'c'est Bouygues qui fait la pluie et le beau temps'. Mais hors l'actionnaire majoritaire, les autres détenteurs d'actions Alstom ont voté pour à 88,5%."
"Ceux qui parlent de vente à la casse ou de démantèlement n'ont rien compris. C'est une opération industrielle forte, dont la logique est incontestable et incontestée. Elle vise à donner un avenir aux activités énergie qui seront désormais adossées à GE, et elle donne à Alstom Transport les moyens d'une stratégie de développement autonome."

Alstom garde des activités dans l'énergie grâce à trois co-entreprises avec GE, dans l'éolien, dans les réseaux intelligents, et dans ses activités liées au nucléaire. Mais certains prétendent que ce n'est qu'un habillage de façade pour faire passer la pilule, et que l'Américain finira par obtenir le contrôle total de ces activités. D'autant qu'Alstom ne conserve aucun contrôle opérationnel de ces entités.

"Nous avons des droits de gouvernance. (Ces activités) doivent bénéficier de la puissance de GE, donc ne soyons pas choqués que le contrôle opérationnel lui revienne. Il y a certes une option de vente de ces activités par Alstom, ce qui n'est pas la même chose qu'une option d'achat pour General Electric dans la mesure où c'est nous qui décidons. Cela veut dire que dans trois ou quatre ans, Alstom décidera s'il souhaite céder sa participation dans ces co-entreprises."

L'avenir dans le transport, la branche qui reste contrôlée par Alstom et qui va récupérer les activités signalisation ferroviaire de GE, est en outre garanti, assure Patrick Kron. Il évoque un carnet de commande rempli pour les cinq ans à venir, grâce à un marché international du transport "en croissance du fait de la concentration des populations dans les villes".

Cette filière qui a inventé le TGV est "bien placée sur ce marché", notamment en raison de son offre, "la plus large parmi tous nos concurrents, de la très grande vitesse au tramway, en passant par les infrastructures et la signalisation". Mais si cette branche a une telle crédibilité à l'international, elle ne délaisse pas pour autant l'Hexagone.

"Le marché français représente aujourd'hui 20% de nos ventes. C'est important pour nous. Il y a des incertitudes, mais comme sur tous les marchés du monde. Cet accord, que d'aucuns prétendent être mauvais pour la France, est tout l'inverse. C'est gagnant- gagnant. Gagnant pour la France et gagnant pour Alstom. Il y aura plus de centres de décision d'Alstom en France demain qu'il n'y en a eu hier et GE s'est engagé à créer 1.000 emplois en France." 
N.G.