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Le patron de France Télévisions sous pression

Rémy Pflimlin était sur la défensive lors de la conférence de rentrée mardi

Rémy Pflimlin était sur la défensive lors de la conférence de rentrée mardi - -

Le mandat de Rémy Pflimlin dure encore deux ans, mais pourrait être interrompu avant terme.

Rémy Pflimlin a-t-il tenu mardi sa dernière conférence de rentrée en tant que PDG de France Télévisions ? Certes, le PDG nommé par Nicolas Sarkozy a un mandat qui dure encore -en théorie - deux ans. Et François Hollande avait promis en avril dans Paris Match que "les présidents des chaînes publiques actuellement en place iront jusqu’au terme de leur mandat".

Mais le gouvernement prépare une loi réformant le mode de nomination des présidents de l’audiovisuel public. Ils seront désormais nommés par un CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) rénové, et non plus par l’Elysée. Et cette loi permettra potentiellement de remercier les présidents actuels.

Mardi, le député PS Patrick Bloche, nouveau président de la commission des affaires culturelles, a affirmé que les mandats devront être "remis en lice" à cette occasion –en clair, interrompus avant terme. "Il s’agit d’une position personnelle de Patrick Bloche, et non d’un arbitrage rendu", tempère une source gouvernementale, consciente qu’un renvoi prématuré des patrons de l’audiovisuel public passerait mal politiquement. Même Nicolas Sarkozy n’avait pas osé le faire !

Néanmoins, la nouvelle majorité ne manque pas une occasion de critiquer en privé Rémy Pflimlin sur ses audiences, sa gestion, ses programmes…

Le PDG est donc sous pression et est apparu sur la défensive mardi matin lors de sa conférence de rentrée. "La gouvernance de France Télévisions fonctionne. La stabilité du management est nécessaire pour faire face aux défis", a-t-il plaidé. En même temps, il déclarait au Monde : "J’ai un mandat de cinq ans et j’irai jusqu’au bout. La tutelle, avec qui j’entretiens de très bons rapports, ne m’a jamais demandé de partir".

Gages au nouveau pouvoir

Visiblement, le président cherche à donner des gages au nouveau pouvoir. Mardi, il a publiquement salué la présence dans le public de Patrick Bloche et de Gilles Le Blanc, directeur adjoint du cabinet d’Aurélie Filippetti, nouvelle ministre de la Culture.

Avant l’élection présidentielle, il s’était déjà débarrassé de Cyril Viguier, animateur dont Nicolas Sarkozy avait demandé le recrutement avec insistance, mais dont les résultats ont été plus que médiocres. "Le recrutement de Viguier était une des conditions pour avoir le job", raconte un proche. Viré aussi: Pierre Sled, autre protégé de l’ancien président de la République, qui n’a pas brillé à la tête des programmes de France 3. Reste Bruno Patino qui dirige France 5 et considéré comme proche d’Alain Minc.

Hasard ou coïncidence, France 4 vient de confier une émission mensuelle, Viens dîner dans ma cité, à Djamel Bensalah, réalisateur qui a participé à la campagne de François Hollande.

France 3 vient aussi de confier un nouveau prime time mensuel à Franz-Olivier Giesbert , Le monde d’après. En parallèle, il animera aussi une autre émission mensuelle sur France 5, Les grandes questions. Un tel cumul entre deux chaînes, rarissime au sein des chaînes publiques, avait même été interdit par Rémy Pflimlin à son arrivée.

Rappelons qu’il y a un an, FOG était plutôt en disgrâce: son émission hebdomadaire sur la 2 avait été supprimée, et il avait été exilé sur la 5.

Le patron du Point faisait partie d’une liste noire d’animateurs irritant au plus haut point Nicolas Sarkoy, qui aurait réclamé leur tête. La liste comprenait aussi Guillaume Durand, Eric Zemmour (qui ont effectivement quitté le service public il y a un an), mais aussi Laurent Ruquier et Patrick Sébastien (qui sont restés en place).

Jamal Henni