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Pékin oeuvre en sous-main au rachat d'une firme d'électronique américaine

Canyon Bridge Capital Partners candidat au rachat du fabricant américain de composants Lattice Semiconductor, est financé par des capitaux publics chinois.

Canyon Bridge Capital Partners candidat au rachat du fabricant américain de composants Lattice Semiconductor, est financé par des capitaux publics chinois. - MArk Ralston-AFP

Selon la presse américaine, le fonds californien candidat au rachat de Lattice, firme américaine de composants programmables, serait financé par la Chine. Le comité en charge des investissements étrangers aux États-Unis devra, de toute façon, se saisir du dossier.

Les autorités de Pékin sont-elles derrière le fonds californien Canyon Bridge Capital Partners qui offre 1,3 milliard de dollars pour le fabricant américain de composants programmables Lattice Semiconductor? C'est ce qu'affirme l'agence Reuters dont les révélations sont reprises par le magazine Fortune.

Au départ, ce fonds, dont les bureaux sont situés au coeur de la Silicon Valley à Palo Alto, se présentait comme une nouvelle entité chargée d'investir dans des sociétés de technologie pour financer leur croissance. Canyon Bridge Capital Partners évoquait toutefois tirer "ses fonds initiaux d'un nombre limité de partenaires chinois".

Cette origine a-t-elle mis la puce à l'oreille de certains médias américains? C'est en examinant près une douzaine de documents financiers déposés par cette compagnie que Reuters a établi que les fonds de Canyon Bridge provenait en fait d'une structure rattachée directement aux autorités chinoises.

L'actionnaire unique de Canyon Bridge serait une entité de China Venture Capital Fund Ltd, selon les documents déposés par Lattice à la SEC (Security and Exchange Commission), le régulateur de la Bourse américain, lors de l'offre de rachat. Or, cette structure est elle-même la filiale de China Reform Holdings, dont l'unique actionnaire est la commission de supervision et d'administration des actifs (non-financiers) détenus par l'État chinois (SASAC).

En raison de l'origine chinoise avérée de l'acquéreur de Lattice, ce rachat sera de toute manière examiné par le comité en charge des investissements étrangers aux États-Unis (CFIUS) comme c'est la règle pour toute acquisition d'une firme américaine par un investisseur non-américain.

Les USA scrutent les rachats chinois dans l'électronique

Le CFIUS s'est penché récemment sur une acquisition chinoise dans le domaine des semi-conducteurs pour déclarer son opposition au rachat de l'allemand Aixtron, présent aux États-Unis, par l'investisseur Fujian Grand Chip Investment (FGC).

Cette nouvelle affaire liée met en lumière les tensions commerciales croissantes entre les États-Unis et la Chine au sujet des industries high tech, jugées stratégiques. L'empire du Milieu ambitionne de devenir une grande puissance mondiale dans les composants électroniques, en rachetant quelques "pépites" occidentales dans le domaine.

Déjà, début 2016, le comi­té pour l'investissement étranger aux États-Unis (CFIUS) avait bloqué la cession au chinois Go Scale Capital de 80,1% de Lumileds, filiale du néerlandais Philips, spécialisée dans les composants pour ampoules LED.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco