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Pénurie de médicaments: le gouvernement met la pression sur les labos

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Plus de 1000 traitements et vaccins sont actuellement en pénurie. Outre des mesures techniques, le gouvernement veut des sanctions contre les industriels qui n'anticiperont pas cette situation.

Le problème prend de l'ampleur. Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), les signalements de pénurie de médicaments ou de vaccins ont été multipliés par 20 en 10 ans, pour atteindre 868 cas en 2018. Et lus de 1200 traitements ou vaccins seront concernés par des situations de rupture ou tensions d’approvisionnement sur l’ensemble de l’année 2019. En résumé, un Français sur quatre s'est retrouvé face à une situation de pénurie pour un traitement chez le pharmacien.

Le gouvernement entend donc lutter contre ce fléau. Le Premier ministre a ainsi reçu ce jeudi une délégation d’entreprises du secteur. Il s'agissait d'"engager rapidement des actions".

"Un certain nombre de dispositions relatives à la très bonne information qui doit exister entre les industriels et l’Agence nationale de sécurité du médicament" vont être introduites a annoncé Edouard Philippe dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2020.

Achats groupés

Les industriels pourront être sanctionnés. Ceux qui tarderont trop à avertir de l’imminence d’une situation de pénurie écoperont de sanctions, pouvant aller jusqu’à 30% du chiffre d’affaires journalier. Des sanctions seraient également prévues contre les industriels qui n’ont pas préparé assez à l’avance des alternatives en cas d'arrêt de la commercialisation d'un produit ou s’il y a eu des défaillances dans leur plan de gestion de risque des pénuries.

De son côté, Agnès Buzin, ministre de la Santé, annonce qu'elle souhaite renforcer la coopération européenne en favorisant l’achat groupé, notamment de vaccins essentiels, et le partage d’information concernant les situations de pénurie. Elle propose également d’augmenter le pouvoir de sanctions financières de l’ANSM contre les acteurs de la chaîne jugés peu responsables.

Comment des produits aussi essentiels peuvent-ils venir à manquer? Les spécialistes du secteur s'accordent pour pointer du doigt la délocalisation de la production, l'industrie faisant appel à des sous-traitants pour faire baisser les coûts. Près de 40% des médicaments commercialisés dans l'Union européenne proviennent de pays situés hors de l'UE.

Des principes actifs produits majoritairement en Chine en en Inde

Quant aux principes actifs, les molécules nécessaires à la fabrication du médicament, ils sont massivement produits en Asie. Ainsi, 80% des substances actives utilisées pour des médicaments en UE proviennent de pays tiers, l'Inde et la Chine concentrant à elles seules 60% des sites, rappelle un rapport du Sénat consacré à la question en 2018. 

La demande en hausse et la concentration du secteur sont également en cause. La demande mondiale en médicaments a fortement progressé, avec une hausse d'environ 6% par an, soutenue par les besoins des pays émergents, les "pharmerging", comme la Chine.

Ainsi, le lancement d'une campagne de vaccination massive dans un pays comme la Chine, difficile à anticiper par les industriels, peut entraîner des tensions d'approvisionnement, d'autant plus que parallèlement, le secteur connaît une forte concentration et qu'il ne reste parfois qu'un ou deux producteurs au monde pour tel ou tel traitement. 

OC avec AFP