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Peugeot et Fiat renégocieront leur fusion après l’été

Carlos Tavares est parvenu à redresser les finances de PSA

Carlos Tavares est parvenu à redresser les finances de PSA - AFP

La crise économique oblige à revoir les conditions financières du mariage entre les deux constructeurs automobiles. Mais les états-majors préfèrent avancer sur le rapprochement industriel avant de se pencher sur la cruciale question des sorties de cash pour la fin de l’année.

Le mariage se fera mais pas au même prix. La fusion entre PSA et Fiat-Chrysler ne sera pas épargnée par la crise économique liée au coronavirus. La semaine dernière, le patron de PSA Carlos Tavares, qui sera aussi celui du futur groupe fusionné, a fait savoir à ses salariés que les deux constructeurs "accélèrent le rythme" pour boucler leur rapprochement à la fin de l’année. Pour le moment, les deux entreprises travaillent aux rapprochements industriels, d’organisation des usines, des modèles et des chaînes de production.

"Personne ne veut faire capoter le deal"

Un message destiné à rassurer et à couper court aux rumeurs depuis quelques semaines sur une révision des conditions de la fusion avec Fiat. Selon plusieurs sources proches de l’opération, "la renégociation n’est pas un sujet pour le moment". Car "personne ne veut faire capoter le deal" ajoute l’une d’entre elles. Mais tout le monde s’accorde à dire qu’il faudra se pencher dessus à la fin de l’opération. Notamment sur l’épineuse "question des super-dividendes qu’il faudra régler" ajoute un proche de PSA.

Lors de la finalisation de la fusion, il est prévu que Fiat verse 5,5 milliards d’euros en cash à ses actionnaires. Au premier rang desquels John Elkann, héritier des Agnelli et actionnaire de Fiat à 28%, qui doit récupérer 1,5 milliard d'euros. A l’heure où l’industrie automobile est à l’arrêt, toutes les parties prenantes à l’opération sont conscientes que dépenser autant de cash en dividende est inimaginable. En face, Peugeot prévoit de céder à ses actionnaires les 46% du capital qu’il détient dans l’équipementier Faurecia. Ce dividende en actions valait 3,5 milliards d’euros avant la crise, là où il ne vaut plus aujourd’hui que 2 milliards.

Bras de fer entre les Peugeot et les Agnelli

La finalisation de l’opération étant prévue pour la fin de l’année, la renégociation des conditions financières pourrait commencer après l’été. Le bras de fer aura surtout lieu entre les deux principaux actionnaires de PSA et Fiat: les familles Peugeot et Agnelli. Chacune a des problématiques opposées à l’autre. D’un côté, les Peugeot sont soucieux de conserver le maximum de cash dans le contexte actuel pour le futur groupe "PSA-FCA". La quasi-faillite de Peugeot en 2013 a laissé des traces. En face, les Agnelli souhaitent récupérer le plus possible de cash et réduire leur poids dans l’automobile, un secteur dans lequel la famille est trop investi.

Mais si le propriétaire de Fiat John Elkann renonçait à tout ou partie de son dividende, il pèserait davantage dans le futur groupe que les 14% qu’il doit conserver. Une option qui ne plairait guère aux Peugeot. Avec seulement 7% du capital de la future entreprise, ils ne veulent pas laisser trop de pouvoir aux Agnelli.