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Les pharmaciens et les magasins Leclerc s'affrontent devant les tribunaux pour savoir qui est le moins cher

Univers Pharmacie et UDGPO ont déposé plainte contre le groupe E. Leclerc.

Univers Pharmacie et UDGPO ont déposé plainte contre le groupe E. Leclerc. - -

Ce jeudi, le tribunal de Colmar a examiné la plainte déposée par des groupements de pharmaciens contre le groupe E. Leclerc. Les officines estiment que le distributeur s’est livré à une campagne de publicité mensongère en affirmant qu’il était 32% moins cher. Verdict le 9 février.

Les officines ne baissent pas la garde contre les tentatives répétées du distributeur E. Leclerc pour s’imposer dans le secteur de la parapharmacie et des médicaments. Ce jeudi 12 janvier, une audience s’est tenue au tribunal de Colmar. Elle fait suite à la plainte déposée par Univers Pharmacie et l’UDGPO, deux groupements de pharmaciens, contre une campagne de publicité orchestrée depuis le mois de novembre par le groupe E. Leclerc. Dans celle-ci, le distributeur affirme pratiquer les prix les moins chers sur les produits de parapharmacie. Il chiffre même le rabais à 32%, par rapport aux prix pratiqués dans les officines.

Un panel tronqué

Des arguments que réfutent les officines. Maître Hubert Bensoussan, en charge de leur défense, estime que l’étude qui a servi à comparer les prix est totalement biaisée. Notamment à cause du nombre de produits retenus pour ce panel comparatif, qui s’élève à une centaine de références alors que les officines en proposent plus de 7000. "Leclerc s’est basé par exemple sur les prix des solaires pour bébé. Mais cela ne fait pas partie des produits les plus vendus, c’est donc introduire un bais dans la comparaison", déclare Maître Bensoussan.

Il accuse aussi Leclerc d’avoir volontairement baissé ses prix le temps d’effectuer les relevés pour son enquête, puis de les avoir augmentés par la suite. Il cite notamment la marque Caudalie, qui aurait fourni à son dossier une attestation de ces pratiques déloyales. De plus, Leclerc aurait comparé des prix pratiqués par ses magasins en province, contre ceux de pharmacies installées à Paris, "et l’on sait bien que les prix ne peuvent être les mêmes vu que les coûts de fonctionnement sont forcément plus chers dans la capitale", argumente l’avocat des pharmaciens.

Sesoigner.com, un nom de domaine trompeur

Lors de l’audience de ce matin, les représentants de Leclerc ont eux-mêmes reconnus quelques erreurs de méthodes. D’ailleurs, ils ont déjà retiré de leur campagne de publicité et de leur site la mention des pharmacies du groupe Univers pharmacie, cité en tant que référence de prix.

Mais ils maintiennent le choix des produits retenus pour leur comparatif, estimant que cela relève de leur propre arbitre.

Le tribunal de Colmar rendra son verdict le 9 février. Maître Bensoussan demande l’arrêt immédiat de la publication de ce comparatif, qui apparaît toujours sur le site Sesoigner.com. "Nous demandons aussi la suspension de ce nom de domaine, qui constitue une tromperie car Leclerc n’est pas un professionnel du monde médical et ne peut donc soigner." Il réclame aussi 400 000 euros de dommages et intérêts pour le groupe Univers Pharmacie et 90 000 euros pour le syndicat UDGPO.

Coralie Cathelinais