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Plastiques recyclés: quand Konica Minolta s'engage dans l'économie circulaire

D'un côté, un bidon d'encre de Konica Minolta, de l'autre les granulats obtenus par Reeso en récupérant des matériaux: le leader de l'impression a entamé une réflexion sur le recyclage complet de ses cartouches. Il a engagé une étude de faisabilité.

D'un côté, un bidon d'encre de Konica Minolta, de l'autre les granulats obtenus par Reeso en récupérant des matériaux: le leader de l'impression a entamé une réflexion sur le recyclage complet de ses cartouches. Il a engagé une étude de faisabilité. - Konica Minolta

Pour la sixième année consécutive, Konica Minolta organise Ekoburo, qui se déroule jusqu'au mercredi 4 février au Carrousel du Louvre. Parmi les grands thèmes, l'innovation, les nouveaux usages en entreprise mais aussi la responsabilité sociétale.

Konica Minolta se penche sur la problématique du bureau eco-responsable à l'occasion d'Ekoburo qui se au Carrousel du Louvre à Paris. Il vise une baisse de 80% de ses émissions de CO2 d’ici à 2050. Il était donc logique que ce leader mondial de l'impression prenne en main le sujet de l'économie circulaire.

Parmi ses axes stratégiques, l'utilisation de matériels recyclés. Sur certains produits comme le business hub C554e, ils peuvent représenter près de 40% du revêtement extérieur. L'adoption du plastique recyclé pour les panneaux extérieurs des multifonctions a d'ailleurs été une première mondiale dans l'industrie. Shoei Yamana Président-Directeur Général a réaffirmé il y a peu de temps ses engagements.

L'économie circulaire passe aussi par une réutilisation de la matière première. Les équipes de Konica Minolta France ne sont pas en reste: une étude de faisabilité a été lancée sur le recyclage de ce qu'elles appellent "les bidons", ces tubes de plastique emplis d'encre qui servent aussi bien dans le tertiaire que pour les professionnels.

Une exigence de qualité

La démarche est toute jeune, elle a à peine quelques mois et ce salon Ekoburo est l'occasion d'échanger afin de mieux cerner les besoins. Autour de la table, Daniel Matthieu directeur marketing communication et de Konica Minolta, Ricardo Barba , responsable de la production l'usine d'Eloyes dans les Vosges, seule usine en France du groupe. Mais aussi Alain Rezzak le président de Reeso qui se charge du démantèlement des DEEE, les déchets d'équipements électriques et électroniques, mais aussi des déchets de maintenance comme ces fameux bidons.

L'usine d'Eloyes en produit près de 5 millions chaque année avec des exigences de qualité très strictes. La Démarche HSS (Haute Sécurité Santé) ou encore la directive Reach obligent à suivre des processus très contrôlés. Par ailleurs comme l'explique Ricardo Barba " la technologie est très particulière. Nous partons d'un tube de plastique mou qui est enfermé dans une sorte de sarcophage sur lequel nous allons souffler. Il va se solidifier avec la poudre de toner à l'intérieur ". Toutes ces exigences nécessitent une matière première de grande qualité. Jusqu'à présent, elle était impossible à obtenir à partir de produits recyclés bien que l' idée ne date pas d'hier.

La quantité nécessaire

La donne change avec Reeso qui travaille aux côtés de Konica Minolta. Cette entreprise solidaire vient de franchir une étape grâce à un procédé de tri très innovant : "nous nettoyons les bidons puis récupérons la matière première pour en faire des granulats sans utiliser de l'eau mais grâce à l'air, ce qui limite l'impact environnemental ", explique Alain Rezzak. "Nous avons mis au point notre propre machine ".

Depuis deux mois, il peut donc proposer un produit recyclé totalement pur. La technique a évolué, il reste maintenant à produire la quantité de granulats suffisante afin de fabriquer des bidons sans traitement chimique. Reeso en récupère chaque année 50 tonnes. Pour Konica Minolta, l'étape suivante va donc consister à aller au plus près de la source d'approvisionnement donc des clients.

C'est Conibi, consortium né en 2000 qui se charge de la collecte et de la valorisation des consommables usagés d'impression du groupe. En France, environ les deux-tiers de ces consommables sont récupérés. Conibi, qui n'est pas seul, collecte en particulier 1.500 tonnes par an. Les professionnels ont apparemment moins de visibilité sur ce qui ne finit pas dans ce circuit. Ils restent assez discrets sur le sujet. Les grands groupes sont très engagés, les PME commencent à prendre conscience de ces enjeux mais la pédagogie est plus que jamais nécessaire.

Au même prix

Konica Minolta n'hésite pas en tous cas à devancer la réglementation. La législation devrait bouger en termes de DEEE, les consommables pourraient y être intégrés, c'était le cas jusqu'à présent uniquement s'ils faisaient partie intégrante du produit au moment de sa mise au rebut.

L'entreprise ne doit pas négliger non plus l'impact en termes de coût: une matière recyclée doit avoir les mêmes qualités mais aussi, dans la mesure du possible, le même prix que la matière vierge. Les acteurs y travaillent. Le recyclage de ces cartouches nécessite une entente forte entre plusieurs partenaires: "ce sont aussi de nouvelles façons de travailler ", ajoute Daniel Mathieu. "Avoir un accès au gisement créé de la valeur pour Konica Minolta". Le groupe se refuse à avancer la moindre date pour la mise en place du processus. A suivre...

Nathalie Croisé