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Plus Shazam a d'adeptes, plus il perd de l'argent

L’application Shazam propose, depuis fin mai 2015, la reconnaissance visuelle qui permet de scanner une image et d’être redirigés vers du contenu multimédia via son smartphone.

L’application Shazam propose, depuis fin mai 2015, la reconnaissance visuelle qui permet de scanner une image et d’être redirigés vers du contenu multimédia via son smartphone. - Fred Tanneau-AFP

En 2014, le spécialiste de la reconnaissance audio a triplé ses pertes annuelles en dépit d'un doublement de son chiffre d'affaires. De quoi se poser des questions sur la viabilité de son modèle économique.

Le succès de Shazam, et ses 20 millions de requêtes quotidiennes, ne met toujours pas en joie ses actionnaires. Ses résultats annuels publiés au Royaume-Uni, font apparaître un quasi-triplement de ses pertes en 2014 en dépit d'un doublement (et plus) de son chiffre d'affaires sur la période.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes: 14,8 millions de livres sterling de perte (+260%, à environ 20 millions d'euros), pour 36 millions de livres (+214% à 49 millions d'euros) de revenus sur l'année passée.

Pas vraiment de quoi pavoiser pour une entreprise dont la dernière levée de fonds, en janvier 2015 (30 millions de dollars) avait permis de relever sa valorisation à 1 milliard de dollars. Le creusement de ses pertes financières a de quoi surprendre dans la mesure où les utilisateurs de Shazam sont de plus en plus nombreux. 

L'essor du streaming gratuit n'a pas joué en faveur de Shazam

Créé en 2002, Shazam a franchi en 2014 le seuil des 100 millions d'utilisateurs mensuels actifs (au moins une fois par mois).

Grâce à la pertinence de ses algorithmes, l'éditeur de l'application, devenue l'incontestable numéro 1 mondial de la reconnaissance audio sur smartphones, a lié son sort au téléchargement payant de musique. Shazam identifie les chansons qu'on lui fait "écouter" et fournit des liens vers les sites où elles sont commercialisées, particulièrement iTunes et Apple Music.

Percevant une commission sur les achats en ligne, Shazam a cependant vu son modèle économique sérieusement remis en cause. L'essor du streaming gratuit (et même payant) de musique, à base de forfaits mensuels illimités, s'avère beaucoup moins rémunérateur.

Conscients des limites actuelles de leur modèle économique, les dirigeants de Shazam tentent à marche forcée de trouver des relais de croissance, hors de l'univers de la musique.

La diversification tous azimuts en dehors de l'univers musical

Ces dernières années, la start-up basée à Londres a déjà étoffé ses contenus avec un fil d'actualité s'inspirant des réseaux sociaux et renforcé son interactivité avec les programmes TV. Ses autres sources de revenus sont tirées des publicités insérées dans son application et issues des publicités liées aux émissions et spots télé que l'application sait reconnaître.

Le dernier étage de la fusée de sa stratégie de diversification est celui de la reconnaissance visuelle. Depuis mai 2015, l'application (via un smartphone) scanne des affiches et des produits contenant une mini-étiquette, qui redirige ensuite vers du contenu multimédia disponible sur Internet, sur le modèle des codes QR avec leur petit damier noir et blanc.

Plusieurs marques américaines comme Walt Disney et Target ou françaises (Evian et Guerlain) ont signé des partenariats marketing avec Shazam pour cette fonctions.

La radio Europe1, pour sa campagne publicitaire de rentrée, offre même la possibilité de "shazamer" les affiches promouvant ses animateurs. Mais tous ces efforts suffiront-ils à engager Shazam sur la route des profits?

Frédéric Bergé