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Plusieurs géants du CAC 40 songent à lever des fonds en cryptomonnaies

Au moins cinq groupes sont concernés.

Au moins cinq groupes sont concernés. - JACK GUEZ / AFP

INFO BFM - Les ICO, ces levées de fonds effectuées à travers la blockchain, séduisent les plus grands groupes français. Mais aucun d'entre eux n'entend révéler pour le moment ses ambitions en la matière.

Les ICO, longtemps réservées aux start-up, s’invitent chez les plus grands. D’après nos informations, plusieurs groupes du CAC40 travaillent actuellement au lancement de telles opérations financières. Ces dernières consistent en l’émission de tokens, des actifs numériques qui circulent sur la blockchain, lors du lancement d’un projet. Ces actifs peuvent par la suite donner droit à un service lié au domaine d’expertise du groupe ou être échangés à des visées purement spéculatives. Les ICO constituent en cela une alternative aux levées de fonds traditionnelles.

Jusqu’à fin 2017, le phénomène était cloisonné aux start-up du secteur. Les initiatives de Kodak et de l’application de messagerie Telegram ont fait monter d’un cran l’ampleur de ces opérations. Mi-janvier, le mastodonte de la photographie gagnait 300% en Bourse à l’annonce de sa propre ICO et de sa cryptomonnaie, le KodakCoin.

Début mai, l’application de messagerie Telegram indiquait avoir levé 1,7 milliard de dollars, avant même d’avoir lancé son ICO, lors de deux phases réservées aux investisseurs avertis. En tout, plus de 6,2 milliards d'euros ont été levés dans le monde grâce à une ICO depuis le début de l'année, d'après CoinSchedule. Le montant s'élevait à 3,3 milliard d'euros sur la seule année dernière.

Un "phénomène social"

"De tels ordres de grandeur ont de quoi donner des idées", note Sébastien Choukroun, manager du PwC Blockchain Lab, qui accompagne les grands groupes dans ces nouvelles opérations financières. "Au moins deux groupes du CAC40 se penchent de façon sérieuse sur les ICO", confie-t-il. "Au moins trois autres sont plutôt réservés mais ont engagé une réflexion sur le sujet. Au-delà du phénomène purement financier, les ICO sont désormais un phénomène social et représentent une nouvelle façon d’interagir avec les clients".

L’accompagnement stratégique et opérationnel de PwC auprès de ces grands groupes suit plusieurs étapes. "La première étape est de définir un token intéressant économiquement, qui vienne résoudre un problème. Viennent ensuite la validation par la direction des risques et la direction financière, la rédaction du whitepaper, le document technique qui scelle le projet, et la préparation des aspects juridiques de la levée de fonds. Enfin, la réflexion prend en compte des problématiques de cybersécurité, pour éviter que les fonds ne se retrouvent entre les mains de hackers ou de mercenaires", indique Sébastien Choukroun.

Dans cet intérêt soudain des groupes du CAC40 pour les ICO, une autre entreprise du secteur tire son épingle du jeu. La jeune pousse Blockchain Partner, spécialisée dans la mise en place de solutions blockchain, fait valoir ses compétences d’accompagnement. "Nous accompagnons actuellement une entreprise du CAC40 dans le lancement potentiel de son ICO", explique Clément Jeanneau, cofondateur de Blockchain Partner.

"Les réflexions sont bien engagées depuis plusieurs semaines sur le rôle du token, les modalités de l'ICO, etc. Le but n'est pas de se précipiter car si l'opération a bel et bien lieu alors l'image du groupe sera en jeu", complète-t-il. Blockchain Partner indique également avoir été approché par deux autres entreprises du CAC 40. Les discussions lancées en restent néanmoins au stade exploratoire.

Des opérations confidentielles

"Les logiques de l'ICO, dont le lancement d’un token, permettent de booster le développement du projet. Dans ce cas, les avantages sont les mêmes que pour des projets d'ICO qui ne viennent pas de grands groupes, donc. Dans d'autres cas, plus minoritaires, l'idée n'est pas de lancer de nouveaux services mais je ne peux pas vous en dire plus à ce stade...", poursuit Clément Jeanneau. Les réflexions sur le sujet doivent pour le moment rester secrètes. "Nous avons fait une étude sur le sujet mais sommes tenus à la confidentialité", note ainsi Philippe Rodriguez, d’Avolta Partners.

"Il s’agit néanmoins pour les groupes concernés de développer des organisations décentralisées qui peuvent apporter des bénéfices à toute leur industrie. Et, surtout, de maîtriser un incontournable technologique." Sur les groupes contactés par BFM, Axa et Publicis ont notamment démenti avoir l'intention de lancer de telles opérations.

Deux de ces ICO pourraient survenir d’ici la fin de l’année, note néanmoins PWC. D’ici-là, une autre ICO d’envergure similaire pourrait se concrétiser. Ici encore, l’empreinte de Blockchain Partner est présente. "Par ailleurs nous accompagnons depuis plusieurs semaines un groupe français coté sur Euronext, qui compte lancer son ICO dans les prochains mois : le processus est nettement plus avancé de ce côté, même si là encore la volonté est de ne pas se précipiter inutilement. Impossible pour moi de vous donner des noms ni même les secteurs, pour des raisons de confidentialité", conclut Clément Jeanneau.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech