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Pourquoi La Poste peut dire merci au CICE

La Poste aurait vu son bénéfice baisser de 30% sans le CICE.

La Poste aurait vu son bénéfice baisser de 30% sans le CICE. - -

Le groupe a publié, ce jeudi 20 février, un bénéfice en hausse de 30% à 627 millions d'euros. Mais ce résultat est largement tiré par le préfinancement du crédit impôt compétitivité et emploi .

La Poste sauvée par le CICE, ou presque. Ce jeudi 20 février, le groupe dirigé par Philippe Wahl a publié un bénéfice en hausse de 31% à 627 millions d'euros. Une performance en apparence remarquable.

Sauf que ce très bon chiffre est largement dû au Crédit d'impôt compétitivité et emploi (CICE), qui a, en effet, dopé, le bénéfice de l'entreprise pour 297 millions d'euros.

Autrement dit, sans ce dispositif, le bénéfice de la poste aurait reculé de 30% par rapport à 2012 en raison de la chute de l'activité courrier. Le résultat d'exploitation de La Poste, aurait lui dégringolé de 40%.

La Poste parmi les principaux bénéficiaires

Le CICE est un crédit d'impôt qui est octroyé aux entreprises en fonction de leur masse salariale, dans la limite de 2,5 Smic. Le montant de ce crédit d'impôt atteignait 4% de cette assiette en 2013, au titre du préfinancement de ce mécanisme. En 2014, le dispositif montera à plein régime, pour atteindre 6% de la masse salariale.

La Poste est donc l'une des entreprises les plus avantagées par ce mécanisme de par son grand nombre d'employés. Elle employait 266.618 personnes à fin 2012, selon le rapport annuel du groupe. Selon l'Insee, La Poste est d'ailleurs l'entreprise publique possédant les effectifs les plus importants.

C'est d'ailleurs tout le paradoxe du système. Alors que le CICE est destiné à redresser la compétitivité des entreprises, et en premier lieu du secteur privé, son assiette le conduit à favoriser les sociétés qui possèdent d'importants effectifs, avec des employés ayant des rémunérations modestes. Indirectement, les entreprises publiques (SNCF, EDF...) comptent ainsi parmi les plus grandes bénéficiaires.

Un mécanisme qui ne favorise pas l'export

En octobre dernier, le député PS et économiste Pierre-Alain Muet livrait un rapport intermédiaire sur ce dispositif dans lequel il constatait que le mécanisme bénéficiait à des secteurs et à des entreprises non soumises à la concurrence internationale.

Les entreprises qui ne sont pas exportatrices capteraient ainsi, selon le rapport, 38% du montant du CICE alors que celles "réalisant au moins 5% de leur chiffre d'affaires à l'export ne devraient obtenir que 27% des bénéfices directs". De plus le CICE concernera 80% de la masse salariale des entreprises non exportatrices contre 58% de celles travaillant avec l'extérieur.

De son côté, l'Insee, dans une étude annexée à sa note de conjoncture de décembre, nuançait les effets sur l'emploi du CICE, écrivant qu'ils créera "à long terme" moins de 300.000 postes, soit moins que l'objectif que Jean-Marc Ayrault visait à l'horizon 2017.

Le Medef veut sa pérennité

Bien que le CICE bénéficie surtout à des entreprises publiques, que sa complexité soit décriée, et qu'il ne favorise pas l'export, le Medef a fait sien ce dispositif. Mardi 19 février, Pierre Gattaz, le président de l'organisation patronale, a demandé le maintien de ce mécanisme.

Dans le cadre du pacte de responsabilité et des 30 milliards d'euros de baisses de charges qui doivent en découler pour les entreprises, François Hollande avait indiqué que toutes les pistes étaient sur la table concernant l'avenir du CICE. Y compris son remplacement par une baisse pérenne de cotisations sociales.

Julien Marion