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Transports

Pour Airbus, la crise du Boeing 737 MAX ressemble à un cadeau empoisonné

L'année 2019 restera une année exceptionnelle pour le constructeur européen avec plus de 1000 commandes. Mais les déboires de son concurrent américain ne sont pas pour autant une bonne nouvelle…

Tous les voyants semblent au vert pour Airbus. L'avionneur européen a ainsi franchi cette année la barre des 1000 commandes et devrait conclure une année exceptionnelle, comme l'a annoncé, mercredi, le directeur commercial du groupe Christian Scherer à l'occasion d'une conférence de presse téléphonique avec l'association des journalistes aéronautiques. De la même façon, Airbus devrait également battre son record de livraison avec 860 appareils livrés cette année contre 800 l'an dernier.

Des résultats excellents qui sont directement liés à la crise du Boeing 737 MAX, cloué au sol depuis plus d'un an. Si pour Boeing, c'est une réelle catastrophe industrielle, pour son concurrent européen, cela ressemble à un cadeau empoisonné.

Mauvaise image du secteur

"Nous sommes dans une industrie de croissance, largement duopolistique" explique Christian Scherer, dans des propos relayés par La Tribune. "Par conséquent, lorsque l'un des deux acteurs ne joue pas son rôle, c'est extrêmement disruptif pour l'ensemble de l'industrie, en particulier pour les clients de Boeing. Le carnet de commandes de la famille A320 est très fourni. Si des clients du 737 MAX nous appellent, nous ne pourrons malheureusement pas faire grand-chose pour eux à court terme." En clair, impossible de satisfaire rapidement les déçus et donc pas d'effet d'opportunisme dans cette crise.

Pire, la perception négative du public à l’égard du 737 MAX a terni toute l’industrie aéronautique. Au point que le directeur commercial d'Airbus espère que Beoing "prenne" ses responsabilités pour sortir de cette crise. "Cet avion est au sol depuis un an. Un an, ce n'est pas rien, ce n'est pas un bidouillage de softwares. Il y a des responsabilités à prendre et il faut avancer" explique Christian Scherer.

Airbus accuse son concurrent

Dernier motif d'inquiétude, les taxes américaines punitives s'élevant à 10% sur les avions européens, avec l'aval de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Donald Trump a-t-il choisir de mettre en place ces taxes pour tenter de ne pas trop pénaliser Boeing au cœur de la crise? C'est l'avis de Christian Scherer. "Je vois une corrélation directe entre les taxes imposées sur Airbus et les problèmes que rencontre notre concurrent" explique-t-il.

"Les taxes à l'importation américaine sont un grave problème et ce, principalement pour nos clients", puisqu'elles "incombent à l'importateur", a-t-il poursuivi. "Cette situation prouve à quel point il est sans doute judicieux pour Airbus de se positionner comme société internationale, et américaine en particulier, puisque nous avons aujourd'hui une et bientôt deux chaînes d'assemblage aux États-Unis".

Thomas Leroy