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Pour la justice japonaise, Carlos Ghosn avait un "pouvoir absolu" chez Renault-Nissan

Pour sa défense, Carlos Ghosn a assuré que certains versements d'argent qu'on lui reproche avaient été approuvés en interne. Mais pour la journaliste Bertille Bayart, spécialiste de l'affaire, ces arguments ne peuvent pas convaincre le camp japonais. Deux versions s'opposent désormais.

"L'affaire est tentaculaire. Elle est d'une complexité extraordinaire et donc il aurait fallu à mon avis des dizaines d'heures de conférence de presse pour pouvoir aller au fond des choses", estime la journaliste du Figaro Bertille Bayart, co-auteure du livre "Le piège: Enquête sur la chute de Carlos Ghosn" (Editions Kero), qui était invitée à commenter sur BFM Business la conférence de presse organisée la veille par l'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan.

Concernant les fonds versés par Nissan à des distributeurs automobiles d'Oman et d'Arabie Saoudite et les appartements à Beyrouth et Paris achetés par Carlos Ghosn, Bertille Bayart estime que la transparence de ces dossiers se révèle relative.

Deux versions que tout oppose

"Un mode de fonctionnement transparent, c'est beaucoup dire. Finalement on a deux versions qui s'opposent. On a la version de Nissan, de la justice japonaise dont toute la construction est basée sur le fait que Carlos Ghosn avait un pouvoir absolu dans l'entreprise. Et donc vous pouvez produire autant de signatures que vous voulez à l'intérieur de l'entreprise, les Japonais vous diront: 'mais de toutes façons il contrôlait par un pouvoir à la fois institutionnel et psychologique ces personnes dans l'entreprise'. Et donc ces visas, ces tampons que l'on peut voir un peu partout n'ont pas de valeur. Ça c'est le raisonnement des Japonais", explique la journaliste.

Face à ces arguments, ceux de Carlos Ghosn. Lequel rappelle à qui veut l'entendre qu'"évidemment, les décisions ont été prises selon des processus qui sont parfaitement classiques dans une entreprise", poursuit Bertille Bayart.

"Et c'est vrai qu'en particulier sur le versement des commissions aux distributeurs à Oman et en Arabie Saoudite, on voit bien qu'il y a une série de visas à la fois pour la demande de bonus versés à ces entreprises et pour (…) le versement effectif de ces bonus. Là on a, à tous les étages, (…) des signatures qui ont été faites par les directeurs financiers, les directeurs régionaux, les directeurs commerciaux. Et donc c'était un petit peu abusif de la part de Nissan au départ de nous décrire ces versements (…) comme étant des espèces de versements venus d'une boîte noire dont on nous disait qu'elle ne devait servir qu'à des circonstances exceptionnelles type tremblement de terre. Or effectivement, cette CEO Reserve, c'est une ligne budgétaire qui a vocation à payer des sommes (…) sortant d'un budget. Et par exemple, un bonus exceptionnel qui aurait été réalisé par un distributeur après une année exceptionnelle", conclut la journaliste.

J.C-H