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Pour réduire ses émissions polluantes, le Japon relance... le nucléaire 

A l'horizon 2030, la part nucléaire du mix énergétique japonais représentera 20-22%, les énergies renouvelables 24%. (image d'illustration)

A l'horizon 2030, la part nucléaire du mix énergétique japonais représentera 20-22%, les énergies renouvelables 24%. (image d'illustration) - Jean-Louis Zimmerman - Flickr - CC

En préparation de la COP21, le Japon s'engage à réduire ses émissions polluantes de 26% à l'horizon 2030. Une contribution qui a du mal a passer pour les experts climatiques et les organisations écologistes.

Soucieux du bon déroulement de la Conférence de Paris sur le climat, le Japon vient de présenter sa contribution aux responsables de l’ONU. Objectif affiché : une réduction de 26% de ses émissions. Pour y parvenir, l'archipel, sixième pays émetteur de gaz à effet de serre sur la planète, prévoit de passer outre son "traumatisme nucléaire". Et de relancer ses centrales.

Le volume élevé des émissions du pays (1,4 milliard de tonnes en 2013) s’explique en effet en grande partie par les choix énergétiques opérés depuis 2011, au lendemain de la catastrophe de Fukushima. Cette année-là, le pays avait alors renoncé à l’énergie nucléaire et relancé ses centrales à gaz ou à charbon. Des installations, très polluantes, qui tournent depuis à plein régime et qui ont du mal à répondre à la demande d’énergie des habitants.

D’ici à 2030 donc, le gouvernement conservateur japonais souhaite que la part du nucléaire dans son mix énergétique atteigne les 20 à 22%. Une première centrale nucléaire doit d’ailleurs redémarrer dans les prochains jours et quatre autres sites ont également obtenu l’accord de l’autorité de sûreté nucléaire du pays. Dans le même temps, la part des énergies renouvelables doit, elle, être portée à 24%. La différence devant être assurée par des énergies fossiles, pétrole et charbon en tête.

Un plan d'action déjà critiqué 

Conscient de "l'urgence d'accroître les efforts pour s'attaquer au changement climatique", le Premier ministre, Shinzo Abe, se vante d'afficher "un objectif ambitieux" pour son pays. Pourtant, les propositions formulées par son gouvernement peinent à convaincre experts climatiques et organisations écologistes. 

Auprès de l'AFP, l'organisation Greenpeace estime que l'engagement japonais est l"un des plus faibles parmi tous les pays industrialisés". A titre de comparaison, l'Union européenne entend réduire de 40% ses émissions polluantes. L'ONG poursuit et affirme même que cela reviendrait "à une réduction de 18% des émissions en 2030, par rapport au niveau de 1990." Dans la même lignée, le groupe Climate Action Tracker, une organisation qui regroupe quatre centres de recherche spécialisés dans les politiques climatiques, juge les propositions nippones "insuffisantes." 

Antonin Moriscot