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Transports

Pourquoi Air France et Lufthansa craignent le retour des contrôles d’identité en Europe

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- - Carlos - Flight report

Conséquence indirecte du crash de l'A320 de Germanwings et de la menace Daesh, les deux compagnies pourraient être contraintes de réintroduire les contrôles d'identité des passagers pour les vols au sein l'espace Schengen. Ce qui va nuire à leur stratégie d'amélioration de la compétitivité. Explications.

Le crash de l’A320 de Germanwings n’aura peut-être pas pour seule conséquence d’obliger les compagnies aériennes à ne jamais laisser seul un membre de l’équipage dans la cabine de pilotage. Le ministre allemand de l’Intérieur a pointé du doigt un autre problème: la difficulté à établir la liste des passagers qui étaient effectivement à bord de l’avion.

Dans un entretien accordé mercredi 1er avril au quotidien Bild ,Thomas de Maizière explique qu’un passager peut céder son billet à une autre personne, qui va ensuite pouvoir voyager à sa place de façon anonyme, puisque la compagnie n’effectue pas de contrôle d’identité sur les vols au sein de l’espace Schengen. "Cela pose un énorme problème de sécurité", s’insurge le ministre allemand de l’Intérieur.

Cazeneuve promet un renforcement des contrôles

Cette faille a également été identifiée par les autorités françaises, qui craignent notamment qu’elle soit utilisée par des candidats au Jihad. Le 21 janvier dernier, le député UMP Rudy Salles a interpellé à l’Assemblée Bernard Cazeneuve à ce sujet, lui demandant de rétablir "sans tarder, la présentation d’une pièce d’identité lors des embarquements des passagers dans les avions".

Le ministre de l’Intérieur a assuré à l'élu niçois "qu’un décret était en cours de préparation avec le ministère des Transports pour renforcer le contrôle des bagages et des personnes durant la procédure d’embarquement". 

Une remise en cause de l'automatisation des embarquements

Ce retour probable des contrôles systématiques n’arrange ni Air France, ni Lufthansa. Les deux compagnies ont en effet prévu de développer un nouveau processus d’embarquement automatisé des passagers. L’une et l’autre ont commencé à déployer, dans les aéroports où elles sont basées, un système de portiques équipés d'un lecteur optique. Il suffit que le passager scanne le code-barre figurant sur sa carte d’embarquement pour que le portillon s’ouvre. En cas de problème, un bip se fait entendre et le personnel au sol s’occupe alors du problème sans que les autres passagers soient obligés de patienter pour embarquer. Une solution idéale pour éviter les retards et même, à terme, pour améliorer le nombre de rotations des avions et donc la rentabilité de la compagnie.

Air France a commencé à déployer ce type de portiques sur les vols longs courriers, et pourra sans doute les conserver puisque le contrôle de l’identité des passagers est assuré au préalable par la police de l’air et des frontières. Mais pour les vols moyens-courriers au sein de l’espace Schengen, le probable retour des contrôles systématiques risque de l’obliger à revoir sa stratégie.

Pierre Kupferman