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Pourquoi Atos se paie l'ex-division de Siemens dans la téléphonie

La transaction s’effectuera à un prix de 340 millions d’euros pour l'acquisition à 100% d’Unify par Atos

La transaction s’effectuera à un prix de 340 millions d’euros pour l'acquisition à 100% d’Unify par Atos - François Guillot-AFP

La société française d'informatique met la main pour 340 millions d'euros sur Unify. Cette héritière des matériels de téléphonie d'entreprise de Siemens, en pleine restructuration, s'est recentrée sur les logiciels.

Atos, dont les résultats sont en hausse, entre sur le marché, tout nouveau pour lui, des systèmes et des applications de téléphonie pour les entreprises. La société d'informatique française projette d’acquérir Unify, anciennement connue sous le nom de Siemens Enterprise Communications.

La transaction s’effectuera à un prix de 340 millions d’euros pour acquérir 100% d’Unify. La dette nette est estimée à 50 millions d’euros et les déficits de pensions à environ 200 millions d’euros à la finalisation de la transaction, qui doit se conclure au premier trimestre de 2016.

Siemens s'était délesté de 51% de son activité de téléphonie pour les entreprises, déficitaire à l'époque, auprès du fond américain, The Gores Group, tout en conservant 49% du capital. Alcatel-Lucent a récemment vendu sa propre activité dans ce domaine à un investisseur chinois.

Ces désinvestissements sont provoqués par la mutation technologique qu'a subi ce marché. La téléphonie d'entreprise, incarnée par le standard téléphonique a évolué vers le logiciel et les services cloud, dont les géants américains (Cisco, Microsoft) ont fait leur argument-clé. Résultat, les ventes de standards et de téléphones qui faisaient vivre les industriels grâce aux contrats de maintenance et de services, déclinent inexorablement.

Atos espère 250 millions d'euros d'économies d'impôts

Rebaptisée Unify en octobre 2013 pour incarner sa réorientation stratégique sur les logiciels, cette entreprise génère encore 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires, dont près de deux tiers dans les services et un tiers dans les solutions logicielles et les matériels. 

Pour Atos, cette acquisition lui permet d'ajouter des applications mariant la téléphonie et la bureautique, tournées vers l'amélioration de la productivité en entreprise. "C'est une brique technologique supplémentaire pour la transformation numérique des clients d’Atos" explique l'entreprise française.

En outre, Atos paie Unify un prix plus que raisonnable, l'équivalent d'un quart du chiffre d'affaires annuel pour une société en pleine restructuration. Un plan est en cours de 267 millions d’euros. En complément, Unify a planifié 103 millions d’euros de restructurations qui seraient provisionnées à la signature définitive de la transaction et financée par les vendeurs (Siemens et The Gores Group).

Cerise sur le gâteau, Atos pourrait bénéficier d’une économie d’impôt potentielle d’environ 250 millions d’euros, due au niveau important de déficits fiscaux de cette entreprise.

Frédéric Bergé