BFM Business
Culture loisirs

Pourquoi Dragon Ball fait encore recette

La nouvelle série tirée du célèbre manga a débarqué mardi en France sur la chaîne Toonami, presque 20 ans après l'arrêt du dessin animé original. La fidélité des fans et la conquête du marché américain expliquent la popularité intacte de la franchise.

Dragon Ball a fait son grand retour sur les écrans tricolores. Dragon Ball Super, la nouvelle série animée tirée du manga d'Akira Toriyama, est en effet diffusée en France depuis le mardi 17 janvier sur la chaîne Toonami, disponible sur les bouquets payants (offres Canal, SFR, Orange, Free, etc).

Pour les personnes qui ne sont pas familières avec ce titre, Dragon Ball est un manga qui a été publié de 1984 à 1995 et adapté en dessin animé de 1986 à 1996. Il narre les aventures de Son Goku, un enfant naïf mais doué en arts martiaux. Au fur et à mesure, Son Goku va rencontrer de nombreux personnages, devenir adulte, se rendre compte qu'il est un extra-terrestre et combattre des ennemis de plus en plus forts.

Cette série a créé un véritable raz-de-marée au Japon mais aussi en France via sa diffusion dans le Club Dorothée dans les années 80-90. Si bien qu'elle avait permis à l'émission de totaliser jusqu'à 64% de part d'audience sur les 4-14 ans, rappelle Le Monde, et a fortement contribué à faire de la France le deuxième marché du manga (12,4 millions d'exemplaires vendus en 2015, selon l'institut GfK).

240 millions d'exemplaires vendus

Mais depuis l'arrêt de la série en 1996, il n'y a plus rien eu sur le petit écran, hormis une pseudo-suite désavouée par l'auteur (Dragon Ball GT, diffusée entre 1996 et 1997). Mais en 2015, la Toei Animation, le studio japonais à l'origine de la série animée, a décidé de relancer la machine, en créant une "vraie" suite, Dragon Ball Super (plus de 70 épisodes au Japon).

"Vu le phénomène que constitue Dragon Ball nous avons fait le choix de nous lancer et de diffuser cette série dans de nombreux pays: en Asie, en France, en Italie, au Portugal, en Espagne, en Afrique et aux États-Unis", explique Pierre Branco, le directeur général de Turner Broadcasting System France Portugal et Afrique, le groupe qui distribue la chaîne Toonami. "Dragon Ball est probablement le manga le plus connu au monde", ajoute-t-il, estimant qu'environ 90% des jeunes garçons connaissent la série.

Il est vrai que la bande dessinée s'est vendue à plus de 240 millions d'exemplaires dans le monde (en 2013). Ce qui en fait d'ailleurs le troisième manga le plus vendu au monde derrière One Piece (380 millions) et Golgo 13 (280 millions). Les jeux vidéo tirés de la franchise se sont eux écoulés à plus de 10 millions d'unités en Europe depuis 2005.

Comme Star Wars

Pour revenir au nouveau dessin animé, Pierre Branco n'a pas encore pu mesurer l'audience des premiers épisodes en France. Mais un bon indicateur "est la page Facebook de Toonami France dont le nombre d'abonnés a progressé de 300% depuis fin décembre et l'annonce de la diffusion de Dragon Ball Super", explique-t-il.

Mais comment une série arrêtée il y a plus de 20 ans peut-elle toujours avoir un marché aussi vaste?

"Dragon Ball a réussi à passer au statut d'œuvre culte, ce qui est quasiment impossible pour un dessin animé. Les fans qui ont grandi avec la série des années 90 sont des nostalgiques très actifs qui continuent de s'identifier à cet univers, attendant impatiemment une suite", répond Pierre Branco. Ce dernier donne alors une comparaison parlante: "C'est exactement la même chose qu'avec Star Wars. La communauté de fans s'est créée autour de films très anciens, et dont les suites ont mis des années à venir. Mais elle a toujours été très active et n'a cessé de grandir".

Le poids des États-Unis

En plus des aficionados de la première heure, les nouvelles générations aussi connaissent Dragon Ball. Les fans des années 90 sont aujourd'hui des trentenaires qui transmettent leur passion à leurs enfants. "Ce phénomène n'est certes pas propre à Dragon Ball mais il ne doit pas être sous-estimé", considère Pierre Branco.

Un autre élément a clairement pesé dans le retour de Dragon Ball: la conquête du marché américain. Les États-Unis n'ont en effet découvert la série que tardivement, à la fin des années 90. La prolifération de dessins animés américains au début de cette décennie avait empêché les productions japonaises d'envahir le pays comme elles l'ont fait en Europe.

Depuis, Dragon Ball a connu un véritable succès au pays de l'oncle Sam. Pour preuve, 57% des ventes mondiales (soit 1,78 million d'exemplaires) du jeu vidéo Dragon Ball Xenoverse, sorti en février 2015, ont été effectuées en Amérique du Nord. "Il y a eu un retard à l'allumage mais désormais, il est clair que le marché aux États-Unis, de par sa taille, crée un énorme d'appel d'air", souligne Pierre Branco. Comme quoi Dragon Ball est plus que jamais une marque mondiale.

Julien Marion (texte) et Marion Nompain (vidéo)