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Pourquoi il faut investir dans les énergies propres

Pictet mise à travers son fonds Pictet-Clean Energy sur les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique: en 10 ans les investissements dans le monde ont plus que doublé dans le secteur

Pictet mise à travers son fonds Pictet-Clean Energy sur les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique: en 10 ans les investissements dans le monde ont plus que doublé dans le secteur - Oregondot - Flickr - CC

Après Axa il y a quelques jours, c'est Total qui a affiché lundi sa volonté de sortir des activités qu'il possède encore dans le charbon. La tendance est solide. A tel point qu'une banque suisse, Pictet, a créé un fonds dédié à l'investissement dans le renouvelable.

Il y a quelques mois, la chute du prix du baril de pétrole avait provoqué un flottement chez certains experts. Certains s'étaient demandé s'il fallait continuer à investir dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique. Des doutes infondés pour Xavier Chollet, senior investement manager chez Pictet Asset Management. Car "finalement, seule 3% de l'énergie mondiale est produite à base de pétrole". Or les transports, secteur qui en consomme le plus, s'oriente clairement vers des moteurs de moins en moins gourmands en carburant.

Pictet , troisième banque suisse en termes d'actifs, ne mise d'ailleurs pas sur le 100% électrique. Mais elle observe la mutation. Les normes deviennent plus contraignantes. Sur le vieux continent, l'Euro 6, limite désormais les émissions d’oxydes d’azote par les voitures diesel à 80 mg/km. Cela revient à une réduction de plus de 50 % par rapport à la norme Euro 5. Et Euro 6.2., attendue pour 2018, devrait fixer des limites encore plus strictes.

Du solaire compétitif

Pour Pictet, un mouvement de fonds s'est engagé. Depuis 2013, ce ne sont pas moins de 80 nouvelles lois qui ont vu le jour dans le monde pour renforcer la lutte contre le dérèglement climatique. La Cop21, conférence sur le climat approche. Si d'aucuns émettent des doutes sur la conclusion d'un accord, la plupart des pays sont déjà engagés dans une réforme profonde.

En France, la loi sur la transition énergétique doit voir le jour à l'été 2015. Le gouvernement américain a fixé pour objectif une réduction de 27% de ses émissions de CO2 d'ici 2025. La Chine a purement et simplement déclaré la guerre à la pollution. L'an dernier, sa production énergétique venait à 12 % gaz naturel et 50% des énergies renouvelables. Le pays abandonne progressivement le charbon. 

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : dans les années 90; environ 37% de l'offre énergétique mondiale totale provenait du pétrole, contre 31% aujourd'hui. Par comparaison, l'offre de charbon représente 29% et celles des énergies propres 34%, gaz naturel et hydroélectricité inclus. D'ici à 2040, le charbon et le pétrole ne constitueront plus que 50 % dans l'offre énergétique mondiale.

Il fut un temps où les subventions accordées au solaire étaient montrées du doigt. 2015 marque clairement un tournant. Le solaire est devenu compétitif dans les régions les plus ensoleillées. Les coûts des panneaux ont été diminués par 6 en quelques années, réduisant sensiblement le coût de la production.

Le Fonds Pictet-Clean Energy investit donc dans les énergies renouvelables et les infrastructures de gaz naturel qui remplace progressivement le charbon dans les énergies. Dans son portefeuille se trouvent certaines entreprises chinoises dédiées au solaire. Globalement, le secteur des énergies propres a attiré 251 milliards de dollars d'investissement en 2014 contre 60 milliards dix ans plus tôt.

Bientôt un reporting environnemental pour les institutionnels

Mais le fonds estime que l'efficacité énergétique est une priorité. Il investit d'ailleurs pour les deux tiers de son portefeuille dans des sociétés exposées à l'efficience énergétique dans l'industrie et le bâtiment, les systèmes de transports avancés, les semi-conducteurs, qui jouent un rôle central dans la réduction de la consommation énergétique et les compteurs intelligents.

Seule 30% de l'énergie que nous consommons est utile. Il suffit de voir comment nos appareils se mettent à chauffer quand on les utilise de façon trop intensive. La perte d'énergie est grande. Dans le même temps, la demande mondiale va continuer de croître dans les prochaines années. Elle devrait progresser de 60% d'ici 2030. Pictet estime qu'il faut donc investir dans les entreprises dédiées à ces enjeux.

Pour Xavier Chollet, cette tendance va perdurer. En France, l’article 48 de la loi de transition énergétique prévoit d’obliger les investisseurs institutionnels à intégrer dans leur rapport annuel une évaluation de leur contribution au financement de la transition énergétique. Cette évaluation s’appuie sur "l'empreinte carbone" de tous les actifs détenus par ces investisseurs, mais aussi sur la mesure de la "part verte" de leur portefeuille, soit les actifs induisant des réductions d’émissions de gaz à effet de serre. Ce reporting environnemental est prévu pour l'an prochain.

Nathalie Croisé