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Free: quand les prix ne suffisent plus

Free a perdu 70.000 abonnés mobile au premier semestre et n’en recrute plus sur ses box. Le modèle « low cost » ne suffit plus, l’opérateur doit désormais investir sur la qualité de son réseau. Il n’en a pas les moyens mais peut compter sur l’aide indispensable du régulateur.

Les bas prix ne suffisent plus. 6 ans après son arrivée, Free connait sa première vraie crise. L'opérateur a perdu 70.000 abonnés mobile au premier semestre et n’en gagne plus sur ses box. La guerre des prix n'a jamais été aussi forte. Free est pris en tenaille entre Bouygues Telecom et SFR dont les forfaits "à vie" lui ont fait très mal.

Quand Orange s'y met, c'est la catastrophe. Au deuxième trimestre, Sosh a engragé 100.000 abonnés en quelques jours grâce à une "promo". Et Orange n'a jamais piqué autant de clients à Free. Depuis 2012, tous les opérateurs perdaient des clients qui partaient chez Free. Mais "depuis un an, nous en regagnons" assure un proche d'Orange. On voit bien qu'une partie de leurs clients ne cherche plus que le bas prix mais une meilleure qualité de réseau".

Free ne peut pas disparaitre

A l'heure de la 4G et des vidéos haut-débit, Free n'a plus d'autre choix que d'investir dans son réseau. Quand Orange, SFR et Bouygues disposent de 16.000 antennes 4G chacun, Free dépasse tout juste les 10.000... Le gouvernement lui a d'ailleurs fixé des obligations très rudes: en construire près de 10.000 supplémentaires d'ici 2020. Soit faire en trois ans ce qu'il a réussi en six... Un coût de plus d'un milliard d'euros par an qu'il ne pourra pas supporter...seul.

L'opérateur souhaite mutualiser au maximum ces nouvelles antennes avec ses concurrents pour diminuer ses coûts. Le régulateur, l'encourage d'ailleurs largement. Pour la première fois, l'autorité de régulation remet en cause son dogme que chaque opérateur doit construire son propre réseau. "Free est le "bébé" du régulateur qui fait tout pour l'aider à revenir au niveau de ses concurrents" explique le dirigeant d'un opérateur. L’opérateur qui a cassé les prix ne peut pas disparaitre six ans après son arrivée. Le trublion des télécoms reste, aux yeux du régulateur, la garantie contre la remontée des prix.

Rapprocher les réseaux de Free et d’Orange

Tous les regards se tournent vers Orange, qui loue déjà son réseau mobile à Free depuis 2012. Cet "accord d'itinérance" se termine en 2020 et Free doit trouver une solution d'ici là. L'option la plus logique est que les deux opérateurs signent un nouvel accord pour construire ensemble les nouvelles antennes. Plusieurs sources rapportent que les deux opérateurs ont discuté de ce sujet jusqu’il y a quelques semaines. Chacun y trouverait son compte : Free dépenserait moins et Orange rentabiliserait son réseau. Le groupe fondé par Xavier Niel est le premier client d’Orange. Il lui a déjà rapporté 3 milliards d’euros depuis 2012 et gagnera un milliard de plus d’ici 2020.

Les deux opérateurs y sont d’autant plus poussés par leurs rivaux SFR et Bouygues Telecom qui ont déjà mis en commun une large partie de leurs réseaux mobile. A deux, ils couvrent plus de 90% du territoire et ont économisé 300 millions d’euros. Cela conduirait à ne sauvegarder plus que deux grands réseaux mobile en France. Voilà pour la solution industrielle.

Au-delà de Free, tous les opérateurs souffrent de la guerre des prix. La bataille qu’il se mènent les uns les autres illustre leur volonté à tous de consolider, enfin, le marché français. Passer de quatre à trois opérateurs télécoms mettrait fin à la guerre des prix. Mais il faut trouver toujours la même solution : qui de Bouygues, SFR ou Free acceptera de vendre ?

Matthieu Pechberty