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Pourquoi l'usine de ce groupe chinois tarde à être construite dans la Meuse

L'usine de leds du groupe chinois Inesa doit être construite sur des terrains situés près de la gare Meuse-TGV.

L'usine de leds du groupe chinois Inesa doit être construite sur des terrains situés près de la gare Meuse-TGV. - Jean-Christophe Verhaegen - AFP

Manuel Valls avait posé la première pierre le 21 mars 2016 de l'usine chinoise de LED promise par le groupe Inesa. Un an plus tard, la Meuse attend encore cette infrastructure et les emplois allant avec.

"Aucun dossier n’a été déposé auprès des services de l’État concernant l’implantation de l’entreprise Inesa à ce jour" admet la préfecture de la Meuse, tandis que le conseil général ne connaît pas la date de la réunion concernant le dépôt du permis de construire. Pourtant, l'implantation d'Inesa, entreprise dont la ville de Shanghai est l'unique actionnaire, avait été évoquée dès janvier 2015, lors d'une visite de Manuel Valls en Chine, puis à nouveau lors de la COP21, en décembre de la même année. Si aucune aide publique n'a été versée, assurait-on, la délégation chinoise d'Inesa avait été reçue à Paris, au ministère des Affaires étrangères, expliquait alors le sénateur Christian Namy, l'un des artisans du projet, dans la presse régionale.

Une grande agence de communication avait été chargée de faire le lien entre Zhaoqi Meng, directeur de l'entité Europe d'Inesa, et la presse, juste avant sa venue dans la Meuse, le 21 mars 2016. 

La France, "une grande puissance industrielle"

À l'époque, Manuel Valls avait salué la France "grande puissance industrielle", à quelques centaines de mètres du futur site où devaient travailler quelque 200 salariés, dont un quart environ de chercheurs et ingénieurs, un investissement bienvenu dans un département rural. Sa venue avait été perturbée par plusieurs dizaines d'employés de l'entreprise Eclatec, qui fait aussi de l'éclairage publique LED, venus manifester leur mécontentement devant le "tapis rouge" déroulé par le gouvernement à Inesa. Un an plus tard, à Eclatec, on constate que "pas une seule brique" n'a été posée. Et à l'endroit même où ils manifestaient, si quelques machines s'agitent et que la terre a par endroits été retournée, nulle trace d'un début d'usine.

Une autre entreprise française, Arelis, qui avait signé une lettre d'intention pour faire partie du centre de Recherche et développement, n'a, elle non plus, aucune nouvelle de l'éventuel partenaire chinois. Ce dernier, contacté par l'AFP, renvoie vers sa filiale Feilo. Elle même injoignable. Mais si personne ne répond, on trouve un communiqué du groupe chinois sur le site de l'opérateur de la Bourse de Shanghai daté du... 25 mars 2016, quatre jours à peine après la pose en grande pompe de la première pierre.

Les dirigeants "n'ont annoncé aucun projet"

Selon ce communiqué, des "médias étrangers" ont fait état d'une visite de Manuel Valls dans la Meuse, et d'un projet d'investissement pour construire une usine de LED. Mais "si le président et directeur général de l'entreprise (Feilo) Zhuang Shen'an, ainsi que Meng Zhaoqi, directeur général de Inesa Europe, ont participé le 21 mars à cet endroit à une cérémonie de dévoilement de la plaque d'un centre de recherche et de production, qu'organisait la région de la Meuse, ils n'ont annoncé aucun projet impliquant que l'entreprise allait investir des fonds à cet endroit pour fonder une usine d'ampoules LED".

"À ce jour, l'entreprise n'a pas de stratégie ou de demande de ratification en suspens pour investir dans la création d'une usine de LED, ces informations de presse ne sont pas vraies", écrit la filiale d'Inesa. Et si des accords ont bien été signés en janvier 2015 avec Arelis, "il ne s'agissait que d'une intention", et "il n'existe aucune certitude" que ce projet se concrétisera.

Du côté du secrétariat d'Etat à l'Industrie, on "craint ne pas avoir de réponse à apporter".

A.M. avec AFP