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Pourquoi la fin annoncée du diesel est une bonne nouvelle pour Valeo

A son "Investor Day" organisé à Londres, Valeo avait ramené le dernier Audi SQ7, premier modèle équipé de son nouveau turbocompresseur à assistance électrique.

A son "Investor Day" organisé à Londres, Valeo avait ramené le dernier Audi SQ7, premier modèle équipé de son nouveau turbocompresseur à assistance électrique. - Julien Bonnet

L'équipementier automobile français ne voit pas dans la fin du diesel une catastrophe. Bien au contraire. Il maîtrise déjà de nombreuses technologies de moteurs et de filtres à particule pour les véhicules de demain.

Valeo a le sourire. L’équipementier français, qui fournit de nombreux constructeurs en composants divers et variés (des phares aux essuie-glace en passant par les systèmes de climatisation, écrans et capteurs), est en avance sur ses objectifs avec un chiffre d'affaires de 16,5 milliards d'euros en 2016. En forte croissance ces dernières années, l’entreprise vient ainsi de relever la barre qu'il s'était fixé et prévoit désormais des revenus supérieurs à 22,5 milliards d'euros en 2019 et 27 milliards en 2021. La marge opérationnelle, à 8,1% en 2016, devrait de son côté atteindre 9% à terme.

Contre la pollution, les villes prennent l'initiative

Avec ses 155 sites de production répartis un peu partout dans le monde (dont 35 nouveaux sites depuis 2010), Valeo ne craint pas vraiment une variation des taux de change. Avec des usines au Mexique et aux Etats-Unis, le patron de l'équipementier français, Jacques Aschenbroich, a indiqué qu'il surveillait la situation pour s'adapter en cas de mesures protectionnistes prises par l'administration de Donald Trump. 

Mais surtout, et contrairement aux constructeurs français qui ont largement misé sur le diesel, Valeo ne se montre pas du tout inquiet à l'idée de voir cette motorisation disparaître des principaux centres urbains. "Aujourd'hui, la problématique de la qualité de l'air concerne aussi bien l'Amérique, l'Europe que l'Asie, a souligné Jacques Aschenbroich. Les villes deviennent des acteurs influents concernant l'évolution de la mobilité alors qu'avant l'initiative venait davantage des institutions comme l'Union européenne".

L'exemple de Paris a bien sûr été cité, avec la mise en place des vignettes Crit'Air pour la circulation différenciée et une interdiction de circulation des véhicules diesel prévue pour 2020 (Valeo s'attend davantage à 2025). Pour faire face à ces nouvelles exigences, l'équipementier a plus d'un filtre à particules dans son sac et vient également de racheter un spécialiste des systèmes de transmission, l'allemand FTE.

Bien armé pour la bataille des nouvelles motorisations

Et sur le terrain des motorisations, l'équipementier a largement investi ces dernières années dans les technologies permettant de réduire la consommation, et donc les émissions. Cela passe notamment par des turbos électriques (le le compresseur n’est plus entraîné par le flux des gaz d’échappement mais par un moteur électrique). A Londres, où se déroulait l'Investor Day de Valeo, l'équipementier avait ainsi ramené le dernier Audi SQ7, premier modèle au monde à recevoir cette innovation. 

De l'hybridation plus ou moins poussée à du 100% électrique, Valeo va donc continuer à investir pour répondre aux futurs besoins. En 2026, l'équipementier anticipe un mix de motorisations au niveau mondial composé à 60% de moteurs thermiques, à 18% de "Mild Hybrid" (des moteurs thermiques avec un petit moteur électrique de 12V ou 48V comme sur le dernier Scenic) et 22% de moteurs "propres" ("full hybrid" comme la Toyota Prius, hybride rechargeable ou 100% électrique).

Tous les segments de véhicules sont concernés, de la petite citadine low-cost aux fleurons du premium. Dans le premium et la voiture de sport, la joint-venture avec Siemens permet également à Valeo de compléter son offre avec des moteurs électriques bien plus puissants. C'est surtout dans ces domaines que les gains pour l'équipementier français seraient potentiellement les plus élevés.

Sur un véhicule d'une marque généraliste, la valeur des équipements fournis par Valeo pourrait être multipliée par 2 ou 3, ce facteur serait compris être 7 et 9 dans les véhicules premium et de sport. Et quand on sait qu'actuellement, un véhicule sur trois qui sort d'usine dans le monde dispose d'au moins un équipement Valeo, l'équipementier français a vraiment tout à gagner à cette révolution automobile.

Julien Bonnet