BFM Business
Transports

Pourquoi la perte colossale de la SNCF n'est pas si grave

Hors dépréciations comptables, la SNCF affiche un bénéfice de plus de 300 millions d'euros

Hors dépréciations comptables, la SNCF affiche un bénéfice de plus de 300 millions d'euros - Bertrand Langlois - AFP

"Le groupe public a annoncé ce vendredi 11 mars une perte de 12,2 milliards d'euros pour l'exercice 2015, liée à des dépréciations d'actifs. Il s'agit néanmoins d'un chiffre purement comptable, le groupe étant, hors élément exceptionnel, bénéficiaire."

C'est une perte immense en trompe-l'œil. La SNCF a annoncé ce vendredi 11 mars une perte nette de 12,2 milliards d'euros au titre de l'année 2015. Sauf que cette perte traduit avant tout l'impact énorme de dépréciations d'actifs massives de 12 milliards d'euros.

"Le résultat net traduit l'effet d'un recalage technique de la valeur de nos actifs, dans un contexte de nouvelles mobilités en pleine évolution et de création du groupe SNCF unifié", a expliqué Guillaume Pepy, président du directoire de SNCF, dans un communiqué. "Ce recalcul comptable n'a aucun impact sur la trésorerie ni sur notre développement au service de nos clients et de la collectivité", a-t-il ajouté.

C'est une opération purement comptable, une opération comptable n'a pas beaucoup de portée réelle", a abondé lors d'une conférence de presse Jacques Rapoport, le président démissionnaire de SNCF Réseau. "Les enjeux du réseau ferré c'est d'abord le service rendu à la nation", a-t-il ajouté.

Un bénéfice de plus de 370 millions d'euros

Dans le détail, ces dépréciations s'élèvent à 9,6 milliards pour SNCF Réseau (infrastructures ferroviaires), 2,2 milliards pour SNCF Mobilités (trains) et 450 millions pour les gares.

Ces dépréciations, c'est-à-dire des révisions à la baisse des valeurs comptables des actifs de la SNCF, ont été effectuées sur la base d'une simulation de ce que les trains, réseaux et gares vaudront dans 15 ans. Ces "tests de valeur" ont été menés par les commissaires aux comptes du groupe public.

En effaçant l'effet de ces dépréciations d'actifs, la SNCF affiche un bénéfice de 377 millions d'euros. Guillaume Pepy a d'ailleurs souligné que les résultats globaux étaient "plutôt encourageants hors l'impact des très importants tests de valeur", rappelant qu'il s'agissait d'une année "de consolidation".

C'est la première fois depuis l'entrée en vigueur de la réforme ferroviaire le 1er juillet 2015 que le groupe publie des résultats annuels correspondant à son nouveau périmètre. Cette réforme a réunifié la SNCF et le gestionnaire d'infrastructures Réseau ferré de France (RFF), devenu SNCF Réseau.

Le chiffre d'affaires s'est établi à 31,4 milliards d'euros en progression de 0,9% à périmètre et change constants. SNCF Réseau enregistre une perte nette de 395 millions d'euros avant dépréciation et Mobilités un bénéfice net avant dépréciation de 276 millions d'euros. La marge opérationnelle, indicateur privilégié par la direction pour mesurer ses performances financières, s'établit à 4,4 milliards d'euros, en légère baisse de 4,3%, dont 2,4 milliards pour Mobilités.

J.M. avec AFP