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Pourquoi la presse craint qu'un texte européen la prive de la pub ciblée

Ce projet européen, appelé à remplacer l'actuelle directive "ePrivacy", permettrait à chaque internaute de décider dès sa première connexion du niveau de protection qu'il souhaite pour les sites web qu'il visitera par la suite.

Ce projet européen, appelé à remplacer l'actuelle directive "ePrivacy", permettrait à chaque internaute de décider dès sa première connexion du niveau de protection qu'il souhaite pour les sites web qu'il visitera par la suite. - Emmanuel Dunand-AFP

Dans une lettre ouverte, de grands titres de presse européens redoutent la révision d'une directive protégeant les données personnelles de l'internaute. Ce projet freinerait leur accès à la publicité ciblée en ligne, nécessaire pour refonder leur modèle économique.

La protection de la vie privée de l'internaute mettrait-elle en péril la survie économique d'un secteur d'activité? Une trentaine d'éditeurs de presse européens relancent le débat en réclamant la révision d'un projet de règlement de Bruxelles sur les données personnelles, qui menace selon eux leur modèle économique sur internet, dans une lettre ouverte.

En France, les quotidiens Le Monde, Le Figaro, Les Echos, Libération, Le Parisien, La Croix, L'Équipe et L'Humanité, font partie des signataires de cette lettre adressée au Parlement européen et au Conseil de l'UE.

Ce projet en cours de discussion, appelé à remplacer l'actuelle directive "ePrivacy" datant de 2002, permettrait à chaque internaute de décider dès sa première connexion du niveau de protection qu'il souhaite pour l'ensemble des sites qu'il visitera par la suite. Celui-ci ne déciderait donc qu'une seule fois d'accepter ou non les "cookies", ces fichiers invisibles qui se greffent sur un ordinateur pour capter des données personnelles, et non site par site.

La presse craint que la directive modifiée ne lui coupe les vivres 

Ce projet "prive les éditeurs de presse de la capacité d'informer chacun des lecteurs sur les raisons pour lesquelles leur consentement est sollicité, d'expliquer les avantages de contenus journalistiques et marketing personnalisés, et de rappeler l'importance de l'abonnement et de la publicité dans le modèle économique d'une presse de qualité", regrettent les 33 éditeurs signataires dans cette lettre ouverte.

"En privant les éditeurs de presse de proposer des publicités ciblées à leurs lecteurs, ePrivacy (la nouvelle version, NDLR) favorise la réorientation des annonceurs publicitaires de la presse vers les plateformes numériques dominantes, et diminue donc l'investissement possible dans le journalisme de qualité", poursuit le texte.

De son côté, le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), à l'initiative de cette action, a surenchéri par un communiqué. "Le recueil de données anonymisées (...) permet aux rédactions de mieux connaitre les centres d'intérêts éditoriaux de chaque lecteur et de développer des offres de contenus adaptées. C'est pourquoi la presse européenne pense indispensable, afin qu'elle puisse mieux remplir son rôle d'information, que ePrivacy soit profondément revu", explique le SPQN.

Frédéric Bergé avec AFP