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Pourquoi la Russie abandonne le gazoduc Southstream

Les projets de gazoduc pour relier le fournisseur russe au client européen pâtissent de la crise ukrainienne, mais pas uniquement.

Les projets de gazoduc pour relier le fournisseur russe au client européen pâtissent de la crise ukrainienne, mais pas uniquement. - BP

Moscou a annoncé lundi qu'elle abandonnait son projet de gazoduc, Southstream, pour alimenter en gaz le sud de l'Europe. En cause: des stratégies d'approvisionnement et d'exportation divergentes entre Russie et Europe.

La nouvelle réplique des Russes aux occidentaux. Vladimir Poutine a annoncé, lundi, que son pays ne pouvait pas poursuivre le projet de gazoduc Southstream. Cette infrastructure devait permettre d'acheminer de gros volumes de gaz vers l'Occident, sans passer par l'Ukraine, pour éviter tout problème d'approvisionnement. "Nous allons dérouter nos ressources énergétiques vers d’autres régions du monde et l’Europe ne recevra plus les mêmes volumes de la Russie, mais c’est le choix de nos amis européens", a ainsi déclaré le président russe.

Ces derniers mois, Bruxelles a en effet mis la pression sur plusieurs pays comme la Bulgarie pour qu'elle n'autorise pas le déploiement des infrastructures. Un nouveau bras de fer qui s'inscrit dans un contexte de crise marqué par la volonté des deux camps de "défaire" petit à petit leurs liens énergétiques.

La Russie se rapproche de la Chine

Cependant, bien avant le conflit ukrainien, Russes et Occidentaux réfléchissaient déjà à l'étape d'après: à savoir être moins dépendant l'un de l'autre sur le plan énergétique. Chacun sait que défaire ces liens prendra encore du temps. Mais chacun a son plan de long terme.

De leur côté, les Russes ont signé il y a quelques mois un gigantesque accord avec la Chine. Gazprom, le géant russe du gaz, a ainsi signé en mai avec son homologue chinois CNPC un énorme deal de 400 milliards de dollars pour approvisionner la Chine en gaz pendant trente ans. Il a été signé après dix ans de négociations et prendra effet en 2018.

L'Europe, un débouché de moins en moins attractif

Car indépendamment du contexte géopolitique tendu, Moscou a aussi fait le constat que l'Europe est condamnée à des années de croissance molle, donc de moindre demande. Il faut donc aller chercher les futurs débouchés là où ils sont.

Les Européens, même s'ils n'importent plus que 10 à 15% de leur gaz de Russie, veulent eux aussi diversifier leurs sources d'approvisionnement, et mener leur propre projet à bien. Pour rappel, le gazoduc Nabucco, qui visait à importer le pétrole d'Irak et d'Azerbaïdjan, n'est plus d'actualité aujourd'hui. Les Russes avaient en effet lancé Southtream pour contrecarrer ce projet.

Pour autant, les Européens pourraient sortir une autre carte de leur manche: le projet Trans Adriatic Pipeline (TAP), traversant la Grèce et l'Albanie, permettant lui aussi de s'affranchir de la Russie. 

Guillaume Paul et N.G.