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Pourquoi le contrat avec Volvo change vraiment la donne pour Uber

En commandant 24.000 SUV Volvo, Uber inaugure un nouveau modèle économique, puisqu'il ne possédait aucun véhicule jusque-là.

En commandant 24.000 SUV Volvo, Uber inaugure un nouveau modèle économique, puisqu'il ne possédait aucun véhicule jusque-là. - Uber

En signant avec Volvo pour 24.000 véhicules, Uber inaugure un modèle économique plus exigeant que celui où les chauffeurs utilisant son appli restent propriétaires de leurs voitures. Son accord début 2017 avec Daimler était moins impliquant en termes d'investissement matériel.

En signant avec Volvo pour 24.000 véhicules, Uber a changé de dimension. "Ce nouvel accord nous place sur le chemin d'une production de série de voitures autonomes", a affirmé le responsable des partenariats avec les constructeurs automobiles chez Uber, Jeff Miller, qui a prévu de se doter d'une armada de taxis "autonomes" (sans chauffeur à bord) à partir de 2019.

La phrase de ce dirigeant en dit long sur le virage qu'est en train de prendre le numéro un mondial des VTC en signant ce contrat avec le constructeur automobile d'origine suédoise.

La première conséquence stratégique d'un tel accord est de transformer Uber en gros client de l'industrie de l'automobile. Il ne constitue plus a priori une menace sur leurs ventes alors que ces géants avait plutôt opté pour une stratégie défensive, préférant comme General Motors avec Lyft (rival d'Uber), investir financièrement dans ces plateformes pour mieux les contrôler.

Uber devient client de l'industrie auto et pas son rival potentiel

Devenu donneur d'ordres pour le secteur automobile, Uber s'implique dans un partenariat "lourd" sans pour autant aller jusqu'à devenir industriel. Volvo installera dans ses usines l'équipement électronique (capteurs) et matériel (freinage de secours) spécifique nécessaire à la conduite autonome, conçu en partenariat avec Uber. À charge pour ce dernier, ensuite, de doter les véhicules du logiciel de conduite autonome développé par sa branche Advanced Technology Group et de réaliser leur connexion à son application.

Mais l'impact le plus structurant de son contrat avec Volvo a trait à son modèle économique. La plateforme de VTC qui ne possédait aucun véhicule -ceux-ci étant la propriété des chauffeurs- avait jusqu'à présent opté pour un modèle plutôt "allégé" en termes d'investissements matériels.

Un investissement de plus d'un milliard d'euros pour Uber

En effectuant une dépense estimée à plus d'un milliard d'euros, compte tenu du prix élevé des SUV commandés (des véhicules haut de gamme de type XC 90) dont le prix unitaire débute à 60.000 euros, Uber devient acquéreur et surtout gestionnaire d'une flotte de milliers de véhicules "autonomes". Cet engagement est lourd de conséquences en termes de coût opérationnel alors que l'entreprise creuse toujours ses pertes malgré son activité en hausse.

Mais Uber a d'autres fers au feu en termes de modèle économique. Début 2017, l'entreprise a signé avec Daimler un accord de coopération qui constitue une alternative plus légère en termes d'impact sur ses investissements. Les futurs véhicules à conduite sans chauffeur de l'industriel allemand pourront techniquement accéder à la plateforme Uber. Mais la société américaine n'en aura ni la propriété, ni la charge liée à l'entretien des voitures. Les accords conclus avec Volvo et Daimler n'étant pas exclusifs, d'autres industriels automobiles pourraient suivre le mouvement.

Frédéric Bergé