BFM Business
Transports

Pourquoi le patron d'Air Caraïbes invite Trump à ne pas atterrir à Orly

-

- - Ricardo Arduengo

Le président de la compagnie aérienne française recommande au Président américain d'atterrir au Bourget pour ne pas encombrer davantage les aéroports parisiens particulièrement engorgés avec le pont du 14 juillet.

Marc Rochet tire la sonnette d'alarme. Le patron de la compagnie aérienne française Air Caraïbes a écrit un courrier à l'attention du président américain à quelques jours de sa visite en France pour lui demander de faire atterrir son Air Force One au Bourget. "Au nom de dizaines de milliers de voyageurs et travailleurs qui iront à Orly dans les prochains jours, je demande respectueusement à vos services de reconsidérer la décision de faire atterrir Air Force One à Orly", lui demande Marc Rochet.

Il est en effet de coutume que les chefs d'Etat étrangers en visite en France atterrissent sur l'un des deux grands aéroports parisiens. Les services de la Maison Blanche avaient en effet prévu une arrivée d'Air Force One sur le tarmac d'Orly. Mais problème: en ce début de vacances les deux aéroports parisiens sont au bord de l'asphyxie. D'où le choix du Bourget: "Non seulement cet aéroport n'est pas ouvert au public -et par conséquent à l'écart des gigantesques flux de passagers- mais il vous assurera également une meilleure sécurité dans un environnement plus simple à contrôler", précise le patron d'Air Caraïbes.

Marc Rochet n'est pas le seul à s'inquiéter de l'engorgement des aéroports parisiens. La situation actuelle suscite aussi la colère du patron de Corsair. "Depuis début juin, c'est un bazar innommable. Du jamais-vu ! Pourtant j'ai quelques années de vol, s'agace Pascal de Izaguirre dans Le Parisien. Cela fait vingt ans qu'on parle du problème des contrôles. Dans les périodes de pointe, il y a toujours eu des goulets d'étranglement. Mais pas à ce point !"

La police tente de calmer les émeutes 

Depuis quelques semaines en effet les retards se multiplient dans les aéroports parisiens. Marc Rochet d'Air Caraïbes constate une dégradation de la ponctualité des vols de 430% par rapport à l'année passée sur la même période. "Ils sont parfois de trois heures ou plus, explique le président de Corsair. Cela désorganise l'exploitation, que ce soit pour les durées d'enregistrement, les embarquements, l'enchaînement des rotations. Des passagers ratent leur correspondance. On assiste même à des émeutes et il faut demander à la police d'intervenir pour calmer les gens." Comme le 28 juin dernier où un mouvement de foule de 3.500 personnes qui attendaient depuis deux heures a contraint la police aux frontières de fermer l'accès aux vols. Générant encore plus de retards...

Mais pourquoi les aéroports parisiens sont-ils à ce point sous tension? D'abord à cause des travaux nombreux dans les aéroports. Et la fermeture d'une piste d'Orly entre le 25 juillet et les 31 août ne devrait rien arranger. Mais c'est surtout les sous-effectifs de la police aux frontières qui sont mis en cause. "C'est incroyable que les plannings des policiers aux frontières ne soient pas adaptés aux courbes de trafic. La moindre des choses, c'est de dimensionner!", s'agace le patron de Corsair.

En raison de l'état d'urgence, les passagers en provenance des départements d'Outre-mer sont contrôlés au même titre que ceux qui viennent de l'étranger. Ce qu'on appelle désormais les DROM-COM ne font en effet pas partie de l'espace Schengen. D'où la multiplication des contrôles accentuée par la hausse du trafic. 

Et la croissance des effectifs de la police aux frontières (ils sont 500 à Orly) n'est pas suffisante. D'où l'appel des professionnels du voyage au passage à l'automatisation. Les cabines de reconnaissance faciale du système Parafe sont trop peu nombreuses dans les aéroports et qui plus est souvent en panne, déplorent les patrons des compagnies aériennes pour qui ces retards à répétition commencent à coûter cher.

"Quand les retards sont trop importants, les clients demandent des dédommagements, explique Pascal de Izaguirre. Un élément de pression serait peut-être d'ailleurs de refacturer à l'Etat." Une réunion s'est tenue à Matignon ce mardi 11 juillet pour tenter de trouver des solutions.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco