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Pourquoi le patron d'Air Liquide pense que le marché de l'hydrogène va bondir

A l'occasion de la publication de ses résultats trimestriels, le patron d'Air Liquide Benoît Potier revient sur la stratégie du spécialiste de l'énergie et ses ambitions dans l'hydrogène.

L'énergie à hydrogène revient dans la course face à la voiture électrique, pas toujours aussi écologique que vantée du fait de ses batteries et de l'origine variable de la production d'électricité. Et dans ce domaine, la Chine donne le tempo: Pékin a indiqué en juin dernier vouloir passer de 2.500 véhicules à hydrogène dans le pays à 5.000 l'année prochaine, 50.000 en 2025 et près d'un million à horizon 2030.

Pour un spécialiste de l'énergie comme le français Air Liquide, impossible de faire l'impasse. D'ailleurs, l'entreprise "fait" de l'hydrogène depuis 50 ans. Mais aujourd'hui, il s'agit d'exploiter cette énergie pour d'autres usages, dans l'automobile comme dans d'autres secteurs. A l'occasion de la publication de ses derniers résultats trimestriels, son PDG Benoît Potier, invité sur BFM Business dans l'émission "12H, L'Heure H", est revenu sur l'importance de cette énergie et les ambitions de son groupe en la matière.

20% de l'énergie consommée dans le monde en 2050

En matière d'hydrogène, "ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a beaucoup d'autres marchés [que l'automobile, NDLR] qui sont en train de se développer, notamment pour la mobilité, les camions, les bus, les trains, les avions, les bateaux... Donc à peu près tous les moyens commerciaux pensent à l'hydrogène. Et au-delà de ce marché de la mobilité, il y a beaucoup d'autres marchés: la production d'énergie, l'industrie au sens large et puis les grandes industries manufacturières", explique le responsable. 

Et de poursuivre: "ma conviction est que l'hydrogène trouvera sa place. C'est une énergie abondante que l'on peut produire de différentes façons (...). On a fait des études, on pense qu'en 2050 ça peut être 20% [de l'énergie consommée dans le monde, NDLR], en 2030, ça sera à peu près dix fois moins. Donc on a une feuille de route qu'on est en train d'établir pour voir ce qu'il faut faire entre aujourd'hui et 2030 pour pouvoir lancer vraiment ces énergies sur les marchés et ensuite on verra probablement entre 2030 et 2050 l'hydrogène réellement décoller". 

Un potentiel énorme puisque, selon Benoît Potier, "la valeur de l'énergie consommée dans le monde, c'est 13.000 milliards de dollars par an". Et que la part de l'hydrogène dans ce marché est encore marginale. 

"Offrir le niveau de sécurité qui est nécessaire"

Pour Air Liquide, le sujet est "d'avoir une capacité à nous déployer sur des marchés nouveaux que nous n'avons pas aujourd'hui, sur les technologies que nous possédons et qu'on va pouvoir diffuser à plus grande échelle et enfin pour pouvoir offrir le niveau de fiabilité et de sécurité qui est nécessaire autour de ce produit".

La stratégie du groupe repose notamment sur des alliances. "Nous ne sommes pas seuls, nous allons nous associer (...), nouer des partenariats dans les technologies comme dans les marchés pour pouvoir être présents sur la quasi-totalité de ces marchés". 

Ce qui se traduira également par des investissements et/ou des acquisitions, notamment en Asie, le continent le plus avancé en matière d'hydrogène. Mais aussi aux Etats-Unis, en Californie. D'ailleurs Air Liquide a déjà réalisé un investissement dans cet Etat en début d'année et également au Canada. "Et on commence à regarder sérieusement l'Europe", annonce Benoît Potier.

Olivier Chicheportiche