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Pourquoi les ananas vont avoir la peau des vaches

Le cuir d'ananas pourrait remplacer le cuir de vache.

Le cuir d'ananas pourrait remplacer le cuir de vache. - Montage Damien Gomez

"Une créatrice espagnole, Carmen Hijosa, a créé le Piñatex, une matière robuste à base de fibres de feuilles d'ananas. Il pourrait remplacer le cuir. "

Vous vous voyez à avec des ananas aux pieds? Évidemment, le design sera un peu différent mais la matière, elle, viendra du fruit, enfin plus exactement de ses feuilles. Une créatrice espagnole, Carmen Hijosa, a découvert lors d'un voyage aux Philippines des vêtements en fibres de feuilles d'ananas. 

Après une dizaine d'années de recherche, elle crée le Piñatex. Un tissu, non-tissé, fin et résistant, qui peut être teinté et traité. Une matière qui ressemble énormément au cuir. Elle est biodégradable, ce qui permet aux vêtements ou aux sacs créés de se recycler.

Mais Carmen Hijosa ne veut pas s'arrêter là. Son but est de trouver une alternative écologique et économique au cuir animal. Ainsi, lors de son doctorat au Royal College of Art de Londres, elle réfléchit à tout un processus industriel. L'idée est de racheter les feuilles des ananas cultivés par les agriculteurs aux Philippines. Pas besoin, donc, de terre, d'eau ou de pesticides supplémentaires. Et les cultivateurs bénéficient d'un nouveau débouché économique puisqu'ils ne faisaient rien de ces feuilles. Pour 1 mètre carré de Piñatex, il faut 480 feuilles soit 16 ananas.

Ces feuilles sont ensuite envoyées en Angleterre et en Espagne pour être transformées en tissu. Le reste de la matière végétale est transformé en biogaz et en engrais organique qui est destiné aux agriculteurs. 

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Puma intéressé

Cette innovation a deux avantages financiers. Tout d'abord, le Piñatex coûte 23 euros du mètre carré contre 25 à 40 euros pour le cuir. Mais en plus, à la fin de la production, il ne reste que 5% de déchets contre 25% pour le cuir.

*En janvier, Carmen Hijosa a reçu un prix de l'Arts Fondation dans la catégorie "innovation". Elle collabore actuellement avec plusieurs marques comme Camper et Puma sur des prototypes de chaussures, ainsi qu'Ally Capellino pour un sac. D'après la créatrice, les premiers produits devraient sortir au printemps 2016. Et elle table sur 1.000 mètres carrés de tissus vendus chaque année d'ici 2018.

Seul risque : que la culture de l'ananas devienne exponentielle. L'entreprise de Carmen Hijosa, Ananas Anam, ne souhaite pas la multiplication des terres cultivées qui engendrait déforestation et exploitation des ressources en eau. Elle voudrait que le Piñatex reste un sous-produit de la culture des ananas. Néanmoins, si les marques de vêtements, de sacs, de chaussures mais également d'ameublement, d'équipements automobiles, … bref tout ce qui contient du cuir, y trouvent leur compte, le risque est réel. Il ne reste plus qu'à espérer que le souhait de Carmen Hijosa soit respecté.

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https://twitter.com/DianeLacaze Diane Lacaze Journaliste BFM Éco