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Prix de la viande: pourquoi les éleveurs s'estiment pris à la gorge?

La baisse de la consommation et la concurrence européenne expliquent en partie la crise du secteur

La baisse de la consommation et la concurrence européenne expliquent en partie la crise du secteur - Jean-Sebastien Evrard - AFP

La mobilisation des éleveurs français se durcit ce lundi avec le blocage des principaux accès à Caen. Ils veulent être reçus au plus vite au ministère de l'Agriculture. Ce sera chose faite jeudi, après la remise d'un rapport sur les prix.

C'est une réalité: les prix de la viande ne permettant plus de couvrir les coûts de production des éleveurs et ce même en tenant compte des aides européennes qui leur sont versées, en gros 1/3 de leurs revenus. Une situation telle que le ministère de l'Agriculture lui-même estime que 25.000 exploitations sont au bord du dépôt de bilan. Stéphane Le Foll recevra d'ailleurs des représentants des éleveurs en colère jeudi 23 juillet, quand il aura pris connaissance du rapport que doit lui remettre le médiateur des prix.

La faute à qui?

Les éleveurs pointent du doigt plusieurs responsables: la grande distribution mais aussi les transformateurs, les industriels. Tous sont accusés de ne pas respecter les accords passés avec la filière et qui prévoient une augmentation des tarifs. 

Mais le problème de fond, c'est la chute de la consommation de viande en France : -15% entre 2003 et 2013. La crise que traverse le secteur est également liée à la concurrence européenne. Certains pays, comme l'Allemagne et la Pologne, vendent leur viande de porc 15 à 20% moins cher qu'en France. 

Les marges négatives des distributeurs

Yves Puget, directeur de la rédaction du magazine LSA, magazine dédié au commerce et la distribution, estime que tout le monde est responsable: "les distributeurs perdent de l'argent et les consommateurs refusent de payer plus cher leur viande".

Un avis partagé par Philippe Chalmin, le président de l'observatoire des prix et des marges de l'agroalimentaire. Il rappelle que c'est toute la chaîne de production et de distribution qui souffre : "D'après nos calculs, la marge nette du rayon boucherie dans la grande distribution est plutôt négative, le seul gagnant, mais il ne s'en rend pas compte, c'est le consommateur, car le prix de la viande est assez peu cher par rapport à la charge de travail occasionnée."

Le consommateur y gagne

Dans la filière porcine, la chute des prix serait causée par les salaisonniers, ceux qui transforment la viande de porc en produits de charcuterie ou plats préparés, type Herta ou Madrange. 70% d'un cochon part en produits de salaisons. Et eux se fournissent clairement davantage à l'étranger. La preuve : pour la première fois cette année, l'export et l'import de porc en France sont au même niveau.

S.W.