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Vie de bureau

Pourquoi les Français haïssent l'open space plus que quiconque

"Les Français détestent l'open space. Pourquoi? À cause d'un paradoxe: parce que nous ne sommes pas assez nombreux à y travailler. "

L’antichambre de l’enfer, pour les Français, c'est l’open space. Des études successives qui comparent le niveau de satisfaction des salariés de différentes nationalités montrent qu'ils le haïssent, plus que dans n’importe quel autre pays. Dernière preuve en date, ce baromètre IFOP publié ce mardi. Il compare les ressentis des Londoniens et des Parisiens vis-à-vis de leur lieu de travail, et ne fait pas mentir les études précédentes: seule la moitié des Français apprécie de travailler en open space, contre huit anglais sur 10.

Un paradoxe bien Français

Pourquoi le détestent-ils autant? Quand on leur demande, ils évoquent le bruit, l’inconfort, la mauvaise qualité de l’air. Mais la vraie origine de cette détestation est toute autre, selon Dimitri Boulte, directeur général de la Société Foncière Lyonnaise. La raison serait un paradoxe bien Français: nous ne sommes pas assez nombreux à travailler en open space. Les bureaux hexagonaux, à la différence de ceux des autres pays européens, comptent encore une forte proportion de bureaux individuels. Des bureaux généralement occupés par les managers. Alors qu'en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, en Allemagne, les chefs d'équipes sont majoritairement dans l'open space, avec leurs collaborateurs.

En France, "travailler dans un espace individuel garde un côté statutaire", explique Dimitri Boulte. Du coup, le salarié français obligé de bosser dans des travées le vit comme un déclassement. En revanche à Londres, où il y a très peu de bureaux fermés, le signe de la réussite n’est pas l’endroit où on s’assoit, mais le salaire.

Abattre les cloisons

Alors tout n'est pas perdu. On peut toujours faire aimer l’open space au salarié français. À écouter la société foncière lyonnaise, il faut donc abattre toutes les cloisons, mettre tout le monde en "bureau paysager".

Plus simple: on peut aussi se procurer le "Guide de survie en open space" de Pétronille, une employée d’agence de communication. Elle y explique que "l’open-space, ce n’est pas que de l’espionnage, du vol à l’arraché de Stabilo, et des ficus putréfiés. L’open-space, c’est aussi du rire, de l’amitié, et des photos de chatons qui tournent". Parmi ses 80 conseils pour voir les bons côtés de l'open space, celui-ci: “Ne jamais louper d’info importante (résultat de match, naissance d’enfant moche, fait divers immonde) puisque les gens se hurlent leur commentaire d’une rangée de bureau à l’autre".

Nina Godart