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Pourquoi les Vélib' coûtent de plus en plus cher à la ville de Paris

Dans un rapport remis à la mairie de Paris, les inspecteurs de la Ville se montrent très critiques avec le contrat avec JCDecaux

Dans un rapport remis à la mairie de Paris, les inspecteurs de la Ville se montrent très critiques avec le contrat avec JCDecaux - Kenzo Tribouillard-AFP

Le service de vélopartage, attribué à JC Decaux en 2007, a coûté selon un rapport, 16 millions d'euros à la ville de Paris rien qu'en 2013. Le groupe français a réagi en assurant faire preuve de "transparence" et en expliquant que, lors de cette même année 2013, "les recettes ont dépassé les dépenses".

Le service Vélib', bien qu'ayant battu un record avec 300.000 nouveaux abonnés sur un mois, en août 2016, suscite toujours des interrogations sur son coût final pour la capitale. Un rapport de l'inspection générale de la ville de Paris, auquel a eu accès Le Parisien, critique la nature déséquilibrée des relations entre la capitale et JCDecaux, qui exploite depuis 2007 ce service de vélopartage.

"L’équilibre du contrat, fortement modifié par trois avenants et deux transactions, est aujourd’hui en défaveur de la ville" expliquent les auteurs du document remis à la mairie de Paris depuis février 2016. Un sacré paradoxe alors que Vélib' aurait dû être une bonne affaire pour les comptes de la capitale, qui engrange à la fois les recettes d'abonnement et la redevance versée par JCDecaux pour l'occupation du domaine public.

Des dérives déjà pointées en 2012

L'une des causes de la hausse des coûts liée à Vélib' et incombant à Paris tient au financement de son extension aux communes de la proche banlieue, selon ce rapport. Ce coût est pris en charge par la capitale qui loue les stations nouvellement créées hors de son territoire à la filiale de JCDecaux, en charge d'exploiter les Vélib'.

Dans un communiqué, JCDecaux a réagi point par point aux fuites du rapport révélé par Le Parisien. Le groupe assure que l'extension à la banlieue "a été demandée par la Ville, validée par le Conseil d'État et facturée tel que défini par un bordereau de marché soit 8 millions d'euros par an". 

Autre point souligné par le rapport la hausse des dépenses récurrentes liées au vandalisme. Paris participe en effet au financement des vélos qu'il faut remplacer. Sur ce point, JCDecaux explique que le vol avait initialement été estimé à 5% du parc total (1.000 Vélib') par an et qu'au final le chiffre est, selon les années, 12 à 19 fois supérieur. Le groupe rappelle que la ville prend en charge le coût du vandalisme "dans la limite de 21% du parc de Vélib'", le reste étant à la charge de sa filiale. 

Au total, le rapport estime que le coût total de Vélib assumé par Paris s'est élevé à 16 millions d'euros rien qu'en 2013. Sauf que JCDecaux affirme que cette même année, "les revenus dépassaient les dépenses", avec 20,1 millions d'euros de recettes contre, donc, 16,7 millions d'euros de charges. Des revenus qui comprennent les recette de locations et des usagers (16,1 millions d'euros) et "la redevance d'occupation de l'espace public", versée par sa filiale à la mairie (4 millions). 

Ensuite, le rapport de l'inspection générale de la Ville de Paris rappelle que le contrat signé en février 2007 pour 10 ans avec JCDecaux a bénéficié d'une rallonge de 10 mois supplémentaires, alors que l'échéance liée à son terme s'approchait. Sur ce point, JCDecaux assure que la prolongation "s'est faite à l'initiative de la ville de Paris". 

Enfin JCDecaux précise, sur le volet de la transparence, avoir remis chaque année à la ville ses comptes sociaux, ainsi que chaque mois "le rapport financier du mandat d'encaissement tel que prévu contractuellement". 

Dans tous les cas, les dérives dans les coûts du contrat Vélib' supportés par la mairie de Paris avaient déjà été épinglées par un rapport de la chambre régionale de la cour des comptes en 2012. Ce document dénonçait déjà le "coût critiquable de l'extension de vélib' en banlieue". Il reprochait aussi à la capitale "l'abandon des pénalités liées au non-respect des engagements de l'exploitant" lors des premières années du contrat.

Frédéric Bergé