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Pourquoi restaurateurs et cafetiers s’opposent à la loi ”doggy bag”

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En 2021, les restaurants et les bistrots devront mettre des doggy bags à la disposition des clients. Le GNI (Groupement National des Indépendants de l’hôtellerie et de la restauration) rejette cette obligation qu'il qualifie d'inutile. Le numérique n'est pas absent des arguments du syndicat.

L’Assemblée nationale a adopté ce dimanche 27 mai 2018 un amendement obligeant les restaurants et les débits de boissons à mettre gratuitement à la disposition de leurs clients des doggy bags à compter du 1er janvier 2021. À priori, rien de scandaleux, hormis le fait de conserver cet anglicisme qui fera réagir Daniel D.P., ce militant pour la francophonie. En quoi cette mesure irrite-t-elle les professionnels de la restauration? Tiennent-ils à remplir leurs poubelles avec ce que les clients laissent dans leur assiette? En fait, pour eux, cette loi ne sert à rien, coûtera cher et créera de nouveaux déchets.

Dans un communiqué, le GNI (Groupement National des Indépendants de l’hôtellerie et de la restauration) la qualifie cette "mesurette irréfléchie et contre-productive". C’est une "fausse bonne idée […] totalement déconnectée de la réalité". Leur message se conclut pas un verdict: "les doggy bags ne sont pas la meilleure réponse au gaspillage alimentaire".

Laurent Frechet, président des restaurateurs du GNI, explique cette position. "Nos professionnels servent des plats avec la juste quantité de nourriture, celle qui correspond aux besoins en nutrition quotidiens de nos clients. Il n’y a presque jamais de restes dans les assiettes de nos clients”. Et lorsqu’ils servent des appétits d’oiseaux, ”nous leur proposons alors nous même d’emporter ce qu’ils n’ont pas pu consommer. […] Il n’est donc pas nécessaire de voter une loi pour cela".

Doggy bag vs plateformes numériques

Quant à l’argument de la lutte contre le gaspillage alimentaire sur lequel s’appuie la loi, le GNI admet que la profession est "responsable de la production de 10 millions de tonnes de biodéchets par an", mais en apportant des nuances. Selon le syndicat, 75 à 80% ”de ces pertes intervient en amont du repas des clients lors de la préparation des plats. Il s’agit de l’épluchage des légumes et fruits, de la préparation des viandes et poissons, des fruits de mer”.

Ils alertent que la généralisation des doggy bag pourrait provoquer "un gaspillage encore plus important" et qui sera "couteux" en créant des "nouvelles dépenses". ”Le gaspillage alimentaire dans les restaurants et les débits de boissons représente moins de 27 centimes d’euros par plat. Or un doggy bag coûte entre 25 et 70 centimes d’euro pièce!”

Le communiqué conclut sur un argument récurrent qui semble être le point central de cette contestation: le numérique. "Nos professionnels sont d’autant plus en colère [...] qu’ils assistent au développement d’une offre incontrôlée et clandestine de restauration à domicile organisée par des plateformes numériques". Conclusion: le GNI rejette cette obligation "tant qu’il ne sera pas mis un terme à la concurrence déloyale et dangereuse des restaurants à domicile clandestins".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco