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Pourquoi Tesla n’arrive pas à produire la Model 3

Une Tesla Model 3 dans un store de la marque. Ce sont les difficultés de production de cette voiture qu'a tenté d'expliquer Elon Musk à la télévision américaine.

Une Tesla Model 3 dans un store de la marque. Ce sont les difficultés de production de cette voiture qu'a tenté d'expliquer Elon Musk à la télévision américaine. - ROBYN BECK / AFP

Trop de robots, des process de production trop complexes, un patron sous pression, Elon Musk poursuit son intense campagne de communication pour expliquer que Tesla peut s’en sortir.

"Je suis définitivement sous pression, donc si je donne l’impression de ne pas l’être, je vous l’affirme: je suis bien sous pression". Il n’est pas évident que les propos d’Elon Musk ce 13 avril aient rassuré les investisseurs. Lors d’un reportage et d’une longue interview sur la chaîne américaine CBS News, dans l’émission "CBS This Morning", le patron de Tesla est revenu sur les difficultés rencontrées par son entreprise pour produire la Model 3, son dernier modèle bien plus grand public que les Model S et X.

C’est l’une des premières fois qu’Elon Musk revient sur les défaillances de son système de production, qui se voulait aussi disruptif que sa gamme de voitures électriques, et qui semble aujourd’hui cristalliser les problèmes.

Trop de robots, pas assez d’humains

Ce qui ressort principalement de cette interview, c’est que Tesla semble avoir voulu aller trop loin dans tous les domaines. Ainsi, Elon Musk a reconnu que l’usine de Fremont (en Californie) était peut-être trop automatisée, avec un système trop complexe.

"Nous avons ce système fou, complexe de convoyeurs, a ainsi reconnu Elon Musk. Il ne fonctionnait pas, nous avons donc décidé de l’abandonner". Des propos qu’Elon Musk a ensuite confirmés sur Twitter: "L’automatisation excessive chez Tesla était une erreur. Pour être précis, mon erreur. Les humains ont été sous-estimés".

Une analyse que partagent de nombreux observateurs du secteur automobile, et font écho aux confidences d’anciens de Tesla, qui ont souvent évoqué les difficultés à construire un système de production fiable.

"Tesla n’arrive pas à faire ce que Ford a réussi en 1912, avec la première chaîne d’assemblage, soit une montée en cadence très rapide, nous confiait début avril Frédéric Fréry, professeur de stratégie à l’ESCP Europe. Cela montre que même pour un produit que l’on connait depuis longtemps, ici l'automobile, une compétence implicite est nécessaire. Sans une communauté de salariés, d’ingénieurs pour la comprendre, cela ne fonctionne pas".

Elon Musk expliquait alors qu’il dormait à l’usine, pour suivre les problèmes de production de la Model 3. Le patron de Tesla est cependant revenu sur les nombreux commentaires très négatifs concernant Tesla ces derniers mois.

"Ces analystes regardent plutôt dans le rétroviseur, que dans le pare-brise, a confié Elon Musk. C’est souvent arrivé de la part de personnes qui sous-estimait Tesla, qui regarde ce que Tesla a fait dans le passé pour anticiper ce que nous allons faire à l’avenir".

"Sortir de cet enfer"

Autre souci admis par Elon Musk: la Model 3 comporterait trop de nouvelles technologies. Innovations, nouvelle architecture automobile, un système de production qui doit être poussé pour répondre aux 400.000 commandes, la crise industrielle traversée par Tesla est régulièrement qualifiée par Elon Musk "d’enfer".

"Tant que vous voyez que vous gravissez chaque niveau de l’enfer, tout va bien. Au moins, cela vous donne espoir. Et je pense que Tesla sera rapidement sorti de cet enfer de production, a confié le patron. C’est une question de six à neuf mois de délai", pour que les clients obtiennent leur voiture. Elon Musk a cependant admis que des clients avaient annulé leurs commandes, sans entrer dans le détail des chiffres.

Pauline Ducamp