BFM Business
Culture loisirs

Pourquoi vous aurez du mal à écouter Prince sur internet

-

- - Pexels

"L'artiste technophobe refusait que ses chansons soient accessibles gratuitement sur le web. La star voulait garder le contrôle de ses revenus d'où ses batailles mémorables avec les maisons de disques."

Vous cherchez une vidéo de Purple Rain à partager sur votre mur Facebook pour rendre un hommage à Prince. Bon courage. Vous aurez beau chercher sur YouTube, Dailymotion ou autres plateformes de partage de vidéos, vous ne trouverez pas la vidéo officielle du clip. Au mieux vous aurez droit à des vidéos d'amateurs avec la chanson sur une image statique. Et ne comptez pas trouver votre bonheur sur les sites de streaming. Spotify par exemple ne propose qu'une seule chanson sur les centaines écrites par le kid de Minneapolis.

Et pour une raison simple, Prince détestait internet. En juillet dernier, l'artiste avait fait grand bruit en retirant l'intégralité de son catalogue des plateformes de streaming. Et tant pis pour les fans qui paient leurs 10 euros par mois d'abonnement à Spotify pour écouter l'artiste. Ils n'ont qu'à acheter les MP3 sur iTunes ou se rabattre sur leurs CD bien plus rémunérateurs pour la star qui a vendu plus de 100 millions d'albums dans toute sa carrière.

Les téléphones portables interdits chez Prince

"Internet c'est complètement terminé, assurait-il d'ailleurs en 2010 au Daily Mirror. Je ne vois pas pourquoi je devrais donner ma nouvelle musique à iTunes ou toute autre personne. Ils ne vont pas me payer une avance pour ça." Avant de comparer internet à une mode... passagère. "Internet c'est comme MTV. À une époque, MTV était très cool et tout à coup la chaîne est devenue obsolète." La star était plus globalement réfractaire aux technologies. Pour preuve, aux visiteurs de son immense centre musical de Minneapolis Paisley Park, le staff de l'artiste interdit formellement l'usage de téléphone portable. Les smartphones doivent rester à l'entrée.

"Tous ces ordinateurs et gadgets numériques ne sont pas bons, expliquait Prince dans cette interview au Daily Mirror. Ils remplissent juste votre tête avec des chiffres ce qui n'est pas bon pour vous." La star possédait tout de même un compte Twitter sur lequel il partageait régulièrement des photos, des musiques et ses coups de gueule. Un compte qu'il alimentait lui-même.

Car ce que détestait Prince avec internet c'était surtout la perte de contrôle. Durant toute sa carrière, l'artiste a toujours eu à coeur de garder la maîtrise de sa musique, de ses tournées, de ses revenus (sa fortune est estimée à 300 millions de dollars) et même de son nom. C'est pour cette raison qu'il changea ainsi de nom de 1993 à 2000. L'artiste ne voulait plus entendre parler de sa maison de disques Warner Bros au début des années 1990. Mais comme il était encore sous contrat, il se fit appeler "Love Symbol" ou "The Artist formerly known as Prince" pour pouvoir continuer à sortir des albums sur son propre label.

"Les patrons des labels passent leur temps à la plage"

Car si Prince était l'artiste anti-système par excellence, c'est surtout le système des maisons de disques qu'il abhorrait. "A chaque fois que je parle aux patrons des grands labels, ils sont toujours à la plage, confiait en 2014 la star dans Rolling Stone. Au milieu de l’après-midi, je leur demande ce qu’ils font: "Bah, je suis à la plage avec mes enfants". Donc nous (les musiciens) travaillons pour qu’ils aient les moyens d’envoyer leurs enfants à la fac. Et à la plage. On ne devrait pas se laisser faire." C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il avait retiré son catalogue des sites streaming en 2015. "Spotify appartient pour partie aux maisons de disques qui détiennent 20% de ses actions, expliquait-il alors sur Twitter. Or ces maisons de disques se rémunèrent grassement avec le streaming et laissent des miettes aux artistes."

Et si Prince détestait les labels, ces derniers n'étaient pas rancuniers avec la star. Warner Bros, la maison de disques honnie de 1993, avait même accueilli la star à bras ouverts en 2014 pour un retour qu'on annonçait en fanfare. "Tout Warner Bros. Records est ravi de travailler à nouveau avec Prince. C’est l’une des plus grandes stars mondiales. Il a un talent incroyable", se réjouissait alors la maison de disques. L'artiste espérait relancer sa carrière en déclin. Le sort en a décidé autrement.

Quand Prince avait des problème avec le fisc français

Il n'est pas rare que les artistes aient maille à partir avec le fisc. En France on se souvient clairement des déboires de Florent Pagny, popularisés par sa chanson "Ma liberté de penser". Prince n'y a pas échappé non plus. Comme le rapportait Bloomberg en 2012, le chanteur n'avait pas respecté une injonction faite par l'IRS (le fisc américain) qui ne faisait que transmettre une demande de la part de son homologue français. Il s'agissait alors d'examiner les revenus taxables de la star américaine désormais décédée pour les années 2009 et 2010. Des revenus que l'artiste aurait touchés en France à l'occasion de concerts tenus à Paris, Nice et Arras durant ces deux années. Selon le site celebritytaxlore, citant les avocats du chanteur, le litige aurait été réglé définitivement et directement avec l'administration fiscale française en janvier 2013. Le chanteur avait déjà eu des problèmes dans son état natal du Minnesota, comme l'explique le Huffington Post. Il avait dû payer 1,3 million de dollars d'arriérés sur des impôts fonciers qu'il devait en 2009 et 2010. 

Frédéric Bianchi et Julien Marion