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"Pratiquement 30% des emplois de l'industrie française ne sont pas en France" affirme Bruno Grandjean

Le président de l’Alliance industrie du Futur (AIF) était invité de Good Morning Business pour évoquer la situation de l'industrie française. Il souligne que les impôts de production rendent la France moins compétitive que ses voisins européens.

Cela ressemble à un clap de fin pour Bouygues. Le groupe de BTP amorce son désengagement d'Alstom, depuis mercredi. Pas vraiment une surprise pour Bruno Grandjean, président de l’Alliance industrie du Futur (AIF). "Bouygues était entré, essentiellement, dans un projet industriel" rappelle-t-il sur le plateau de Good Morning Business. Mais le champion industriel tant espéré n'a finalement pas émergé "donc il était inscrit que Bouygues se retire."

L'occasion d'évoquer les maux qui touchent l'industrie française. Si elle n'est pas en si mauvaise situation, elle présente néanmoins des désavantages. "C'est un tabou, mais aujourd'hui, notre industrie, elle est essentiellement offshore" indique Bruno Grandjean. "Pratiquement 30% des emplois de l'industrie française ne sont pas en France. Et c'est une proportion plus importante que celle de l'Allemagne ou d'autres grands pays industriels. On gagne de l'argent grâce à des usines qui ne sont pas en France. On garde en France des usines historiques."

"Les impôts les plus imbéciles au monde"

Comment expliquer une telle situation ? "Le rapport Gallois (rapport sur la compétitivité française de 2012, ndlr) identifiait un certain nombre de dysfonctionnements, de faiblesses de l'industrie française, le CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, ndlr) en a corrigé une partie mais il était faiblement focalisé sur l'industrie" poursuit Bruno Grandjean. "Il est temps de revenir à une politique de l'offre, de la compétitivité sans laquelle, finalement, on verra petit à petit les industriels français décliner ou délocaliser leur production. Et pour de bonnes raisons, des raisons de compétitivité."

Dans le viseur, les fameux impôts de production français, régulièrement décriés. "Aujourd'hui, il y a une aberration totale" tranche Bruno Grandjean. "Il faut savoir qu'un entrepôt de 10 000 m² va payer trois fois moins de taxe foncière qu'une usine. Une usine paye des taxes qui sont, à peu près, trois fois plus que celles d'un local commercial" énumère-t-il.

"On a, comme ça, un impôt sur la valeur ajoutée qui est aberration économique. Si on a fait, ne serait-ce que quelques mois d'économie, on comprend bien que taxer le bénéfice, c'est logique, on partage avec la communauté qui a rendu possible ce bénéfice, les fruits de la réussite d'investissements. Taxer l'investissement, la valeur ajoutée, c'est une aberration économique. Personne ne le fait. La France a les impôts les plus imbéciles au monde" conclut le président de l’Alliance industrie du Futur.

Thomas LEROY