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Prélèvement à la source : les DRH dans les starting-blocks

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- - Frédéric Massard

Depuis le début de la semaine, les salariés français commencent à recevoir leurs premiers bulletins de salaire avec l'impôt déjà prélevé. Ils auront certainement beaucoup de questions à poser à leurs ressources humaines. Une situation qui n’inquiète pas outre mesure les DRH.

C'est une semaine pas tout à fait comme les autres que s'apprêtent à vivre les DRH, avec l'arrivée des nouveaux bulletins de salaire. Dans l'ensemble, la sérénité règne. Car depuis quelques mois, les équipes de ressources humaines travaillent d’arrache-pied. Il a d’abord fallu préparer les esprits, sensibiliser les salariés au changement à venir. Certaines entreprises ont simplement placardé des affiches un peu partout dans leurs locaux, d’autres ont multiplié les réunions d’informations. La directrice des ressources humaines de l'Afnor a ainsi organisé une réunion publique au mois de décembre. « 120 personnes se sont déplacées, plus d’un dixième de notre effectif, du jamais vu ! » explique Laurence Breton-Queny.

Une hotline pour répondre aux questions

Beaucoup d’entreprises sont allées plus loin et ont décidé d’investir pour se préparer au mieux. De nombreux DRH ont ainsi fait le choix d’éditer des simulations de fiche de paie, dès le mois d’octobre, pour éviter les mauvaises surprises. Chez Solvay, la direction a même fait appel à un cabinet d’expert pour sillonner les usines et répondre aux questions des salariés. « Nous avons déboursé environ 100 000 euros pour faire face au prélèvement à la source » estime Jean-Claude Sciberras, le directeur des ressources humaines de l’entreprise en France. « C’est de l’argent qu’on aurait pu investir ailleurs » s’agace-t-il, « mais au moins, nous sommes prêts ».

Chez Foncia, les équipes des ressources humaines ont aussi mis les bouchées doubles depuis quelques semaines. Une cellule « prélèvement à la source » a été spécialement constituée. Ce lundi, une hotline a été mise en place pour centraliser toutes les questions des collaborateurs. Car les DRH le savent, malgré tous leurs efforts, les questions risquent de fuser dès les premiers bulletins de paie reçus. « Foncia compte 8500 salariés, on s’attend à 8400 questions » s’amuse Bruno Ollivier, le directeur de la paie du groupe. Difficile dans les faits de savoir exactement combien de salariés vont se manifester, mais les DRH s’apprêtent à faire quelques heures supplémentaires. De nombreux français ne font en effet plus attention à leur bulletin de salaire et ne regardent plus que le virement reçu sur leur compte en banque à chaque fin de mois. « Pour certains, le choc risque d’être un peu violent » craint Jean-Christophe Sciberras.

L’effet psychologique du prélèvement à la source

Reste enfin une dernière inconnue, l’effet psychologique du prélèvement à la source. « On se retrouve un peu dans la même configuration qu’avec le passage à l’euro » explique encore Jean-Christophe Sciberras, « même si les salariés touchent la même somme, visuellement le montant affiché sur leur fiche de paie sera moins important, et il est très difficile de savoir comment ils vont réagir ».

Chez Foncia, c’est aussi cette inquiétude qui prédomine. « Nous sommes prêts à répondre à toutes les questions techniques » assure Nathalie Moreau, la DRH du groupe, « mais on ne sait pas du tout comment le prélèvement à la source va être ressenti par nos employés. Ils vont peut-être avoir le sentiment de perdre du pouvoir d’achat et à cela, il est plus difficile de répondre ».

Justine Vassogne