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Première journée du second procès Kerviel : la question clé des limites fixées par la Société Générale

Pour son premier jour de procès, Jérôme Kerviel n'a pas été ménagé par la présidente du tribunal (Photo : Reuters)

Pour son premier jour de procès, Jérôme Kerviel n'a pas été ménagé par la présidente du tribunal (Photo : Reuters) - -

Le procès en appel de Jérôme Kerviel s'est ouvert ce 4 juin au matin. L'ancien trader de la Société Générale a encore affirmé qu'il n'était pas responsable de la perte de cinq milliards d'euros. Compte-rendu d'audience.

Jérôme Kerviel est arrivé avec une demi-heure d’avance à l’audience, en compagnie de son avocat. Tous les deux se sont montrés plutôt détendus. La présidente du tribunal, elle, l’était beaucoup moins.

Elle a tout de suite donné le ton, plutôt autoritaire, et est entrée directement dans le vif du sujet en abordant la question des limites : Jérôme Kerviel avait-il un mandat précis ? Avait-il des barrières à ne pas franchir ? C’est là le point clé de ce procès, sur lequel s’est focalisé le débat pendant des heures.

Parole contre parole

Quelles limites avaient fixé la Société Générale à son trader ? C’est la réponse à cette question qui devrait permettre de dire si Jérôme Kerviel a, ou non, abusé de la confiance de son employeur. Or, c’est loin d’être clair.

Certes, le trader avait signé une charte de trading, qui fixait le cadre de ses activités, la procédure selon laquelle un trader doit limiter ses risques, se couvrir. Elle précisait aussi qu’en cas d’opération significative, il devait avertir ses responsables. Jérôme Kerviel a reconnu qu’il avait bien signé ces documents, mais qu’il ne les avait pas lus.

Reste que le trader n’avait pas de mandat écrit, fixant des limites précises marquées noir sur blanc.

Ainsi, depuis le début de la journée, c’est parole contre parole. D’un côté, la Société Générale estime que les règles étaient très claires, que les traders du pôle dont faisait partie Jérôme Kerviel ne pouvaient dépasser les 125 millions d’euros de prise de risque par jour, ou alors à la marge. La défense, elle, oppose une version radicalement différente. Jérôme Kerviel assure que ce plafond était purement informel, que lorsqu’il y avait dépassement, il n’était jamais assorti de sanction.

Retour sur les précédents de fraude de Kerviel

Un peu plus tard, la présidente du tribunal Mireille Filippini est revenue sur un évènement crucial : le tout premier dérapage de Jérôme Kerviel. En 2005, pour la première fois, le trader a pris une position spéculative. Il parie à la baisse sur les titres Allianz. Le lendemain, ce sont les attentats de Londres, les marchés sont en forte baisse, Jérôme Kerviel gagne 500 000 euros.

Ses responsables l’interrogent alors sur l’opération et découvrent l’opération spéculative. Mais ils ne se rendent pas compte que, déjà à l’époque, il s’était couvert par une opération fictive.

Mireille Filippini a longuement interrogé Jérôme Kerviel sur l’évènement, lui demandant notamment pourquoi il n’avait pas révélé cette couverture fictive. Le trader minimise, il assure que ses responsables ne pouvaient pas ne pas la voir. Encore une fois, c’est une version bien différente que présente la Société Générale. La banque n’a rien vu, promet-elle. Elle rappelle que Jérôme Kerviel a été convoqué, et rappelé à l’ordre.

Finalement, cette première journée de procès n’aura rien apporté de nouveau par rapport à la première instance : les deux parties, comme en 2010, campent chacune sur leur position. La prochaine journée d’audience est prévue mercredi 6 juin. 

Caroline Morisseau et en direct du Palais de justice de Paris