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Pressenti pour prendre la tête de Renault, Luca de Meo annonce son départ de Seat

Luca De Meo, futur directeur général de Renault?

Luca De Meo, futur directeur général de Renault? - -

Pressenti pour le poste de directeur général de la marque au losange, Luca de Meo aura la lourde de tâche de relancer l'alliance avec Nissan, toujours moribonde.

C'était devenu un secret de Polichinelle. L'Italien Luca de Meo a annoncé en interne sa démission de la présidence de Seat, selon les sources de Reuters. Une information confirmée un peu plus tard par communiqué de presse.

"Seat informe que Luca de Meo démissionne de son poste de président, à sa propre demande et d'un commun accord avec le groupe Volkswagen", sa maison mère, indique l'entreprise. Le vice-président financier de Seat, Carsten Isensee, va lui succéder.

Un mouvement qui semble précéder son arrivée à la direction générale de Renault, comme attendu depuis plusieurs semaines. Pour la première fois de son histoire, la marque au losange ne serait alors pas dirigée par un Français.

En concurrence avec le patron de Faurecia, Patrick Koller et celui d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, le Milanais d'origine a remporté la mise. Encore fallait-il lever la clause de non-concurrence imposée par le contrat de Volkswagen (maison-mère de Seat). A 52 ans, l'Italien présente un CV impeccable: un diplôme en administration des affaires de l'Université Luigi Bocconi de Milan suivi de 25 ans d'expérience dans l'industrie automobile.

Pur produit de l'automobile

Sa première expérience ? Chez Renault où il deviendra chef de produit avant de rejoindre Toyota Motor Europe. Il est nommé responsable de la marque premium du constructeur japonais, Lexus. En 2002, il rentre au pays où il devient responsable du marketing chez Lancia, propriété de Fiat. Il y rencontre un certain Sergio Marchionne, qui a totalement relancé le groupe. Ce dernier va donner au jeune Luca de Meo de plus en plus de responsabilités, jusqu'à lui confier la direction d'Alfa Romeo. Dernière étape de son parcours, le groupe Volkswagen qui lui confie les rênes de la marque Seat en 2015.

Le Milanais va réussir le tour de force de remettre sur pieds le constructeur espagnol avec une image jeune et branchée. En panne il y a encore quelques années, Seat est devenu une petite machine de guerre, affichant des résultats historiques en 2018 (9,98 milliards d'euros de chiffres d'affaires) en s'appuyant sur la qualité de sa maison-mère allemande. De janvier à octobre, le groupe a encore réalisé des records avec 498.700 véhicules livrés dans le monde, soit 11,1% de plus par rapport à la même période de l’année précédente.

Nid de frelons

Pour la direction de Renault, Luca de Meo coche toutes les cases. Polyglotte (il est notamment passé par l'Insead de Fontainebleau), c'est aussi un pur produit du monde de l'automobile qu'il connait par cœur. Mais son succès chez Seat est aussi le signe de la confiance que lui a accordé Volkswagen, un groupe dans lequel il peut tenter de nouvelles mobilités et où il joue les expérimentateurs. A la tête de Renault, il n'aura sûrement pas la même liberté, chaperonné par Jean-Dominique Senard, et surtout mis sous pression par Nissan qui entend bien garder son indépendance au sein de l'Alliance. L'Italien est-il prêt pour ce nid de frelons?

Thomas Leroy