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Procédure de sauvegarde pour le producteur Thomas Langmann

Le dernier film de Thomas Langmann a fait un bide

Le dernier film de Thomas Langmann a fait un bide - AFP Valery Hache

Le producteur a placé ses deux sociétés la Petite Reine et la Petite Reine Production en procédure de sauvegarde.

Les sociétés de production de Thomas Langmann vivent un moment difficile. Mardi 27 février, ses deux sociétés la Petite Reine SAS et la Petite Reine Production SAS ont été placées en procédure de sauvegarde.

Contacté, Thomas Langmann explique: "C'est une mesure provisoire qui permet à la Petite Reine de traverser une période difficile, comme c'est le cas de nombreuses autres sociétés. Cela ne nous empêche pas de produire 5 films cette année, et de continuer à produire la tournée Stars 80. Il n'y a eu aucun licenciement. Et en tant qu'actionnaire, j'ai injecté pas loin de 10 millions d'euros en compte courant dans la société".

Stars 80 la suite déçoit

Ces difficultés financières sont notamment dues aux résultats décevants de Stars 80 la suite, écrit, produit et réalisé par Thomas Langmann. Le film est sorti le jour de la mort de Johnny Hallyday, ce qui a fortement handicapé sa carrière en salles, qui s'est terminée avec seulement 325.723 spectateurs. Or la Petite Reine avait apporté près de 11 millions d'euros sur un budget de 20 millions d'euros (cf plan de financement ci-dessous).

La Petite Reine a aussi dû faire face à la liquidation de Chic Films, qui avait co-produit A fond, un budget de 13,75 millions d'euros. 

Enfin, Ils sont partout (8 millions d'euros de budget), sorti mi-2016, n'avait attiré que 173.963 spectateurs.

Vente du catalogue

Dans le jugement d'ouverture de la procédure de sauvegarde (disponible ci-dessous), la société explique

"connaître actuellement des difficultés de trésorerie liées à l'insuffisance des recettes de son dernier film Stars 80 la suite, et au poids des garanties prises par les partenaires financiers sur les recettes futures de l'exploitation du catalogue de films. La trésorerie disponible n'est pas suffisante pour faire face aux prochaines échéances, et la société a besoin de temps pour résoudre les difficultés qu'elle rencontre, en particulier recapitaliser la société, et procéder à la vente ou au refinancement de son catalogue. Des contacts avancés ont d'ores et déjà été pris pour ce faire, valorisant le catalogue à des valeurs très supérieures à sa valeur comptable. La société estime par conséquent être face à une difficulté qu'elle n'est pas en mesure de surmonter".

Dans son jugement, le tribunal souligne que les comptes bancaires sont quasiment vides: 2.647 euros pour la Petite Reine SAS et 266.922 euros pour la Petite Reine Production SAS. Mais le jugement ajoute que Thomas Langmann a accordé une avance de 2,1 millions d'euros à ses deux sociétés, dont il a déjà versé 1,2 million. De plus, un rapport d'évaluation du catalogue valorise les 10 principaux films à 9,85 millions d'euros. En face, le passif exigible se monte à 892.591 euros euros pour la Petite Reine SAS et 1,2 million d'euros pour la Petite Reine Production SAS. Le tribunal conclut:

"les sociétés ne sont pas en cessation de paiement. Les sociétés fournissent des prévisions de trésorerie montrant pour les six prochains mois des solde de trésorerie constamment positifs, avec un point bas en août 2018. Les sociétés sont en mesure de financer une période d'observation, mais aurait des difficultés à franchir ce point bas de trésorerie sans procédure de sauvegarde. Les perspectives de cession ou de refinancement du catalogue de films constituent un élément sérieux quant à la possibilité de surmonter ces difficultés".

Remarques des commissaires aux comptes

La Petite Reine SAS perd de l'argent depuis 2012. A fin 2016, elle affichait des dettes de 13 millions d'euros. Depuis au moins 2014, les commissaires aux comptes, dans leur opinion sur les comptes annuels, émettent une réserve sur la continuité d'exploitation de la société. Pour sa part, la Petite Reine Production SAS est aussi déficitaire depuis au moins 2014. A fin 2015, ses dettes s'élevaient à 14 millions d'euros.

Dans ses comptes, la société liste plusieurs projets qui "seront mis en production à court ou moyen terme": Omaha beach, Les sous doués promotion 2015, un remake de la Balance et une biographie d'Amy Winehouse.

Pour mémoire, la procédure de sauvegarde est demandée par le dirigeant au tribunal de commerce, et aboutit en principe à un plan de sauvegarde. Cette procédure intervient avant la cessation de paiement et vise à l'éviter.

A noter que les deux filiales de la Petite Reine SAS se sont pas en sauvegarde: Reine Sales SARL (qui vend les droits de films) et Reine Publishing SARL (qui vend des produits dérivés).

Les dernières productions de Thomas Langmann

Stars 80 la suite (co-production avec Wild Bunch et TF1)
Budget: 20 millions d'euros
Sortie: 6 décembre 2017
Entrées: 325.723

Ils sont partout
Budget: 8 millions d'euros
Sortie: 1er juin 2016
Entrées: 160.000

A fond (co-production avec Chic Films)
Budget: 13,75 millions d'euros
Sortie: 21 décembre 2016
Entrées: 944.880

Tout tout de suite (co-production avec Légende)
Budget: 3,5 millions d'euros
Sortie: 11 mai 2016
Entrées: 17.500

Un moment d'égarement (co-production avec LPR)
Budget: 12,2 millions d'euros
Sortie: 24 juin 2015
Entrées: 854.153

Nos femmes
Budget: 12,3 millions d'euros
Sortie: 29 avril 2015
Entrées: 412.000

The Search (co-production avec Orange, Wild Bunch...)
Budget: 20,6 millions d'euros
Sortie: 26 novembre 2014
Entrées: 69.936

Sources: CNC, JP box office

Le plan de financement de Stars 80 la suite (en euros)

La Petite Reine: 12 millions
dont crédit d'impôt et numéraire: 2,65 millions
fonds de soutien (subvention du CNC): 960.000
rémunération du producteur en participation: 812.740
frais généraux & imprévus en participation: 2,07 millions
distribution France (minimum garanti): 4,75 millions avec Wild Bunch
distribution Belgique, Suisse, Canada (minimum garanti): 800.000

TF1 (prévente & co-production): 3 millions

Canal Plus (prévente): 3 millions

Wild Bunch (co-production): 250.000

Palatine Etoile 14 (Sofica): 500.000

Région Ile de France: 250.000

Aide à la musique (CNC): 300.000

Placement de produits (annonceurs): 700.000

Source: cinefinances.info

Les sociétés de Thomas Langmann

La Petite Reine SAS (détenu à 99% par Thomas Langmann)
Chiffre d'affaires: 2,8 millions d'euros (2016), 3,2 millions d'euros (2017)
Résultat net: -71.400 euros (2016)

La Petite Reine Production SAS (détenu à 100% par Thomas Langmann)
Chiffre d'affaires: 20,5 millions d'euros (2016), 5,7 millions d'euros (2017)
Résultat net: +171.000 euros (2016)

Reine Sales SARL (filiale à 99% de la Petite Reine SAS)
Chiffre d'affaires: 677.800 euros (2016)
Résultat net: +449.700 euros (2016)

Reine Publishing SARL (filiale à 99% de la Petite Reine SAS)
Chiffre d'affaires: 103.200 euros (2016)
Résultat net: +124.500 euros (2016)

Source: comptes sociaux hors filiales

Jamal Henni