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Protection des données: Apple fait le ménage dans les applications

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Apple menace de retirer de sa boutique en ligne les applications qui ne respectent pas la protection des données personnelles des usagers.

Apple hausse le ton: la marque à la pomme exige des développeurs d'applications qu'ils cessent d'utiliser des systèmes qui enregistrent les activités des usagers sur iPhone à leur insu, sous peine de les retirer de sa boutique en ligne. C'est ce qu'indique le magazine en ligne spécialisé dans les technologies TechCrunch.

Les conditions d'utilisation de l'App Store, la boutique en ligne d'applications d'Apple, « exige que les apps demandent l'autorisation aux utilisateurs et leur disent de façon claire et visible quand elles enregistrent, téléchargent, ou conservent d'une façon ou d'une autre l'activité de l'usager », a ainsi indiqué Apple dans une déclaration citée par le magazine en ligne.

Le message est clair: si les développeurs ne cessent pas ces pratiques ou n'en avertissent pas les utilisateurs, leurs applications seront purement et simplement retirées de l'App Store. L'enjeu est important pour Apple qui se présente depuis plusieurs années comme porte-drapeau de la protection des données personnelles, et qui n'hésite pas à attaquer les autres géants technologiques pour leurs errements dans ce domaine, Facebook en tête.

Selon TechCrunch, certaines applications enregistrent en effet à leur insu l'activité des usagers. Le magazine cite en exemple celles du voyagiste Expedia et de la chaîne de vêtements Hollister, qui ne demanderaient aucune permission aux usagers. « Même si les données sensibles sont censées être masquées, certaines, comme les numéros de passeports ou de cartes bancaires, ont fuité », assure le magazine. Concrètement, ces applications utilisent un code informatique mis au point par une société spécialisée appelée Glassbox, qui capte l'activité de l'usager en train d'utiliser l'application. 

Fin janvier, Apple avait sanctionné Facebook et Google en désactivant à distance des applications utilisées en interne dans ces deux entreprises. Moment de panique pour les employés, privés de leurs systèmes d'information et de communication internes. Une sanction en signe d'avertissement: Apple ne transige pas avec la sécurité des données et reprochait à Facebook, notamment, d'avoir utilisé à des fins de recherche une application iPhone qui devait rester à usage strictement interne.

Objectif d'Apple: développer ses services en ligne

L'enjeu de la protection des données est capital pour Apple, qui souhaite développer ses services en ligne comme App Store, Apple music ou encore iMessage, mais surtout, dans un futur proche, des données de santé ou des données bancaires. Objectif: anticiper le ralentissement de ses ventes de smartphones (et visiblement la baisse des ambitions sur le secteur automobile) Ainsi sur les 265 milliards de dollars de chiffre d'affaires réalisé par Apple en 2018, 45 milliards l'ont été dans les services. Tim Cook s’est fixé pour objectif d’arriver à 50 milliards de dollars d’ici à 2020. Pour y parvenir, la confiance des utilisateurs est donc essentielle. Leur assurer la transparence sur l'utilisation de leurs données personnelles indispensable. Pour la première fois, Apple avait même donné le chiffre de la base d'iphones en service: 900 millions. Une sorte de réseau social privé, sur lequel l'entreprise compte maintenant capitaliser.

Tim Cook avait déjà appelé le mois dernier le régulateur américain du commerce à assurer la transparence sur les affaires des revendeurs de données personnelles. Dans son viseur, toujours Google et Facebook, secoués par plusieurs scandales ces derniers mois. Dans une tribune publiée dans le Time Magazine et intitulée « Vous méritez la confidentialité en ligne. Voici comment vous pouvez l’avoir », Tim Cook formulait le souhait d’une législation renforcée « pour protéger les consommateurs et leur rendre le contrôle » sur leurs données privées.

Dans son viseur : les « data brokers », ces entreprises qui collectent les données personnelles des internautes et les analysent avant de les revendre. Parmi leurs clients, des agences de publicité, mais aussi, des partis politiques. Une « économie parallèle » insuffisamment réglementée selon Tim Cook. Le PDG d’Apple explique craindre que les nouvelles technologies, mal utilisées, représentent une menace pour la vie privée. Mais selon lui, il n’est « ni trop difficile » de s’attaquer au problème, « ni trop tard ».

Le monde fermé qu'a toujours représenté Apple est longtemps apparu comme une des faiblesses de la marque et un frein à son développement. Tout le pari est bien maintenant d'en faire une force, dans un monde de technologie qui se transforme à grande vitesse. L'avertissement aux développeurs n'est qu'une des étapes de cette conquête

Sandrine Serais