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Le nouveau moteur de PSA sera made in France

Le site de Trémery va accueillir une capacité supplémentaire de production de moteurs essence.

Le site de Trémery va accueillir une capacité supplémentaire de production de moteurs essence. - Patrick Hertzog - AFP

Le constructeur va mettre en place une chaine fabriquant jusqu'à 200.000 moteurs essence. Il hésitait entre l'usine de Trémery en Moselle et celle de Vigo en Espagne.

PSA Peugeot Citroën a fait son choix. Le constructeur a choisi l'usine de Trémery, en Moselle, pour accueillir une capacité supplémentaire de production de moteurs essence au lieu d'un site espagnol, a déclaré Yann Vincent, directeur industriel du constructeur, dans une interview à Reuters ce 27 mars.

Trémery, spécialisé dans les motorisations, était en compétition avec l'usine de Vigo, qui n'assemble aujourd'hui que des voitures, pour accueillir une chaîne fabriquant jusqu'à 200.000 moteurs trois cylindres essence turbo par an. Ceux-ci équipent un nombre croissant de véhicules du groupe dans le cadre d'une stratégie désormais classique dans l'automobile, visant à réduire les cylindrées.

L'annonce du choix, scellé jeudi soir lors d'un comité exécutif au siège du groupe, va rencontrer un large écho politique. La nouvelle va être saluée ce vendredi matin par le président de la République, en déplacement dans l'Est de la France à l'avant-veille du second tour des élections départementales.

PSA produit ses moteurs en France

"Nous avons comparé le coût de transformation d'une ligne existante (...) avec une situation qui consistait à investir ex-nihilo à Vigo", a expliqué Yann Vincent. "Nous sommes arrivés à la conclusion que le coût de l'investissement d'une nouvelle ligne était supérieur au coût d'une flexibilisation d'une ligne existante."

PSA produit toujours en France tous ses moteurs destinés à l'Europe, contrairement à Renault qui compte, à côté de son grand site français de Cléon, une production de motorisations en Roumanie, en Espagne et en Turquie.

Selon Yann Vincent, l'avantage compétitif des coûts salariaux espagnols était compensé par la facture de transport, Vigo étant plus éloigné que Trémery des lieux de production de pièces d'Europe de l'Est. Quant aux aides publiques, les deux pays ont fait match nul.

"Nous sommes contents parce que c'est en France, mais je dirais que ce qui nous a motivé, c'est la performance économique qui est meilleure. L'approche est une approche pragmatique, elle n'est pas (tirée) par des considérations idéologiques ou par des éléments de concept", a ajouté le directeur industriel de PSA.

Améliorer la performance industrielle des usines

L'Etat est co-actionnaire de PSA, à parité avec le chinois Dongfeng et la famille Peugeot.

Le président du directoire de PSA a fait de la productivité l'un des axes clé de son plan de redressement "Back in the Race". Carlos Tavares veut améliorer la performance industrielle des usines du groupe et doubler les approvisionnements de PSA en provenance des pays à plus bas coût à 40% d'ici 2020.

"Cette décision ne change rien au besoin que l'on a de sourcer davantage (dans les pays low cost)", a poursuivi Yann Vincent. "Mais le sujet (...) illustre l'approche que l'on a sur tous les sujets. On ne s'est pas dit: il faut absolument investir hors de France parce qu'aujourd'hui c'est l'idée qui peut courir, on s'est dit: regardons lucidement le bilan économique."

L'usine de Trémery emploie environ 3.700 personnes. Créée en 1979 pour la Citroën CX, elle fabrique les plus gros blocs diesel de PSA et une partie de ceux de Ford, ainsi que des moteurs essence trois cylindres en version non turbo. L'utilisation de la chaîne actuelle de production essence signifie que les nouveaux moteurs ne créeront pas d'emplois sur le site. Les engagements de l'usine pour améliorer sa compétitivité pourraient au contraire se traduire par une baisse des effectifs de structure, notamment dans les fonctions qualité, maintenance et surveillance, via le non-remplacement des départs naturels.

L'arrivée de cette production supplémentaire constitue toutefois une excellente nouvelle pour Trémery, le plus grand site de moteurs diesel au monde, alors que cette technologie est aujourd'hui régulièrement décriée, qu'elle est concurrencée en terme d'émissions de CO2 par les nouvelles motorisations essence et que la production de l'usine est appelée à diminuer vers 2017-2018, Ford ayant décidé de travailler seul sur les plus grosses cylindrées.

D. L. avec Reuters